6 août – Fête de la Transfiguration

Raffaello Sanzio, (Urbino 1483 – Rome 1520) Transfiguration, 1516- 1520 Peinture grasse à tempera sur bois, cm 410 x 279

Le Cardinal Jules de Médicis commanda deux peintures destinées à la cathédrale Saint-Juste de Narbonne. Le cardinal de Médicis (futur pape Clément VII) était en effet devenu évêque de Narbonne en 1515. La Transfiguration fut confiée à Raphaël et la Résurrection de Lazare (aujourd’hui à la National Gallery de Londres) à Sebastiano del Piombo. La Transfiguration ne fut jamais envoyée en France parce que le cardinal la conserva à la mort de Raphaël (1520) puis il en fit don à l’église Saint-Pierre in Montorio où l’œuvre fut placée sur le maître autel. En 1797, à la suite du Traité de Tolentino, cette œuvre, comme tant d’autres, fut emportée à Paris puis restituée en 1816 à la chute de Napoléon. C’est alors qu’elle entra dans la Pinacothèque de Pie VII (pontificat de 1800 à 1823). Le retable représente deux épisodes racontés l’un après l’autre dans l’Evangile selon saint Matthieu : La Transfiguration en haut, avec le Christ en gloire entre les prophètes Moïse et Elie ; en bas au premier plan, la rencontre des Apôtres avec l’enfant possédé que Jésus guérira à son retour du Mont Thabor. Il s’agit de la dernière œuvre de Raphaël, son testament spirituel. Giorgio Vasari, célèbre artiste et biographe du XVIe siècle, l’a décrite comme « la plus célébrée, la plus belle et la plus divine. »
in http://www.museivaticani.va/content/museivaticani/fr/collezioni/musei/la-pinacoteca/sala-viii—secolo-xvi/raffaello-sanzio–trasfigurazione.html

6 août 1945 – Hiroshima

The atomic bomb named « Little Boy » was dropped on Hiroshima by the Enola Gay, a Boeing B-29 bomber, at 8:15 in the morning of August 6, 1945. This watch stopped at the precise time of the explosion. Hiroshima peace memorial museum. (Photo by JAZZ EDITIONS/Gamma-Rapho via Getty Images)
Takashi Nagai et le champignon atomique de Nagasaki

Nagasaki «Le 9 août 1945, à dix heures et demie du matin, le suprême conseil de guerre se réunit au Quartier Général Impérial pour savoir s’il fallait capituler ou non. Ce fut donc au moment même de cette décision pour la paix ou pour la continuation de la guerre qu’explosa la bombe atomique, à 11 heures 2 minutes, sur notre quartier d’Urakami. En un instant, 8000 chrétiens furent rappelés à Dieu, et notre cathédrale disparut dans les flammes. Le 15 août, l’Édit impérial mit fin aux combats, et une première lueur de paix recommença à briller sur le monde. Or ce jour-là, l’Église fêtait l’Assomption de la Vierge Marie, à laquelle était dédiée notre Cathédrale. Cette coïncidence n’était-elle pas due à l’œuvre délicate de la volonté de Dieu? Nous avons entendu dire que cette seconde bombe atomique, après Hiroshima, était destinée à une autre ville. Des nuages épais rendirent cette cible impossible, si bien que l’équipage américain changea de plan au dernier moment, et se dirigea vers sa cible secondaire : Nagasaki. L’objectif devait être le nord des fabriques de munitions, mais le vent fit dériver la bombe au-dessus de la Cathédrale. Ainsi nous savons que la Cathédrale n’a pas été visée par les pilotes américains. Mais c’est la Providence de Dieu qui choisit Urakami. N’y aurait-il pas un rapport mystérieux entre la cessation de la guerre et la destruction d’Urakami? Urakami ne serait-elle pas la victime choisie, l’holocauste offert sur l’autel du sacrifice en expiation pour tous les péchés de cette deuxième guerre mondiale? Pour notre humanité, héritière du péché d’Adam et du sang de Caïn, pour notre humanité qui s’est tournée vers les idoles en oubliant sa filiation divine, pour que finissent toutes ces horreurs, ces haines et que fleurissent à nouveau les bénédictions de paix, il ne suffisait pas du repentir, il fallait un sacrifice extraordinaire afin d’obtenir le pardon de Dieu. Bien que des villes entières aient été déjà rasées, cela ne suffisait pas. Mais quand Urakami fut détruit, Dieu agréa ce sacrifice, pardonna aux hommes et inspira à l’Empereur de mettre fin à la guerre. Notre Église d’Urakami a gardé sa foi intacte pendant 400 ans dans un Japon qui la proscrivait. Elle a enduré de nombreuses et longues persécutions. Et pendant toute cette guerre elle n’a cessé de prier pour que revienne la paix. Cette Église n’était-elle pas digne d’être choisie comme holocauste pour que des dizaines de millions d’hommes ne périssent plus victimes des ravages de la guerre? Ce 9 août, en voyant les flammes détruire la Cathédrale, nous savions que dans ce sublime holocauste montaient déjà les premières lueurs d’espoir d’un nouveau monde de paix. Huit mille catholiques, dont les prêtres de la cathédrale, ont été sacrifiés. Tous généreux et fidèles dans leur foi. Combien sont-ils heureux d’avoir quitté la vie, l’âme pure, sans connaître la défaite! Nous qui restons sur cette terre, notre sort est dur. Le pays est vaincu et notre ville détruite. Un désert de cendres et de décombres s’étend à perte de vue. Nous n’avons ni maison, ni vêtements, ni nourriture. Nos champs sont dévastés, et nous, les survivants, ne sommes plus qu’une poignée. Pourquoi ne sommes-nous pas morts ce jour-là? Pourquoi devons-nous continuer une existence de souffrance? Maintenant nous voyons l’énormité de nos fautes et nous comprenons que si nous restons aujourd’hui en vie, c’est que nous avons encore un long chemin à parcourir pour devenir à notre tour une offrande digne. Les réparations imposées par la déclaration de Potsdam sont un fardeau lourd de douleur et de souffrance. Pourtant cette charge débouche sur l’espoir de voir sous peu un monde nouveau et purifié. Bienheureux ceux qui pleurent car ils seront consolés. C’est fidèlement et jusqu’au bout que nous monterons ce chemin semé de douleurs. En le suivant, affamés, assoiffés, méprisés, fouettés, nous savons que nous sommes aidés par Celui qui jusqu’au sommet du Calvaire a porté sa Croix : Jésus-Christ. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris, que soit béni le nom du Seigneur. Soyons reconnaissants que Nagasaki ait été choisie pour ce sacrifice par lequel paix et liberté ont été rendues au monde. Que les âmes de tous nos défunts reposent en paix dans l’amour de Dieu. » — Paroles de Takashi Nagai lors de la messe de funérailles du 23 novembre 1945 in Une lumière dans Nagasaki, anthologie de textes de Takashi Nagai, Nouvelle Cité – http://www.dissident-media.org/infonucleaire/Nagasaki_nagai.html

Une lumière dans Nagasaki – Takashi Nagai – Extraits

Dans les cendres j’ai découvert au coin nord-est du terrain ce crucifix qui appartenait à l’autel familial. Évidemment la croix de bois avait disparu, anéantie par le feu, mais le Christ de bronze demeurait intact, sans une seule déformation. Relique précieuse du temps où le régime Tokugawa persécutait le christianisme. Tout m’a été enlevé. Ce Christ seul, je l’ai retrouvé.


Notre Église d’Urakami a gardé sa foi intacte pendant 400 ans dans un Japon qui la proscrivait. Elle a enduré de nombreuses et longues persécutions. Et pendant toute cette guerre elle n’a cessé de prier pour que revienne la paix. Cette Église n’était-elle pas digne d’être choisie comme holocauste pour que des dizaines de millions d’hommes ne périssent plus victimes des ravages de la guerre ?


Les hommes délibèrent et discutent maintes et maintes fois sur la paix du monde. Mais en vérité, on ne peut pas devenir artisan de paix en participant seulement à des réunions et faire des discours compliqués. Le rayonnement de la paix se trouve dans la force de l’amour vécu tout simplement.


A moins d’avoir souffert et pleuré, on ne comprend pas vraiment ce qu’est la compassion, on ne sait pas réconforter ceux qui souffrent. Si on n’a pas pleuré, on ne sait pas sécher les yeux des autres. Celui qui n’a jamais marché dans l’obscurité ne peut pas aider celui qui marche à tâtons pour trouver son chemin.


Celui qui n’est pas satisfait de sa vie, va chercher au loin le bonheur, mais bien souvent il revient en pleurant.

Mon bonheur, je le trouve ici même dans le travail que je fais, dans tout ce qui m’environne. Mon bonheur est simple. Je regarde la rose qui fleurit dans mon jardin. Elle est belle. Je lui ai donné de l’engrais, je lui ai enlevé les insectes nuisibles, je l’ai arrosée, je l’ai aidée à grandir, mais c’est Dieu qui l’a fait fleurir. Par ses propres forces l’homme ne peut pas faire éclore une fleur, c’est pourquoi il trouve que son bonheur est imparfait. Mais celui qui accepte ses limites en collaborant à la puissance du Dieu Créateur, entre dans la perfection de l’acte créateur. Il ne va pas chercher un bonheur lointain parce qu’il est là tout près de lui, chaque jour à la porte de sa vie.

Pour connaître Takashi Nagai :

Le sourire des cloches de Nagasaki, Makoto Nagai, Nouvelle Cité, 2004, (ISBN 2-85313-464-4).

Une lumière dans Nagasaki, anthologie de textes de Takashi Nagai, Nouvelle Cité, 2006, (ISBN 2-85313-502-0).

Prier 15 jours avec le docteur Nagai, Marie-Renée Noir, Nouvelle Cité, 2008, (ISBN 978-2-85313-540-5).

Requiem pour Nagasaki, Paul Glynn, Nouvelle Cité, 1994, (ISBN 2-85313-267-6).

La France vient de se doter d’une loi inique qui se prétend « de bioéthique », votée, malgré toutes les dénégations de ceux qui veulent s’exonérer de toutes les critiques justifiées dont ce vote a été l’objet, dans l’indifférence et l’assoupissement propres à la période estivale qui ont plongé l’assemblée nationale dans une anesthésie inquiétante. Inquiétante surtout parce que les rares députés présents étaient pour la plupart les petites mains soumises à la volonté implacable d’un petit potentat : Jean Louis Touraine, député LREM, rapporteur du projet. On ne présente plus monsieur Touraine, l’artisan des basses-œuvres du projet qu’avait inscrit dans son programme E. Macron.

Juste pour la mémoire, le discours d’E. Macron au Collège des Bernardins le 10 avril 2018.

Extrait : « Pour nous retrouver ici ce soir, Monseigneur, nous avons, vous et moi bravé, les sceptiques de chaque bord. Et si nous l’avons fait, c’est sans doute que nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l’Eglise et l’Etat s’est abîmé, et qu’il nous importe à vous comme à moi de le réparer. Pour cela, il n’est pas d’autre moyen qu’un dialogue en vérité. Le dialogue est indispensable, et si je devais résumer mon point de vue, je dirais qu’une Eglise prétendant se désintéresser des questions temporelles n’irait pas au bout de sa vocation ; et qu’un président de la République prétendant se désintéresser de l’Eglise et des catholiques manquerait à son devoir. » Et plus loin dans le même discours : « Paul RICŒUR, si vous m’autorisez à le citer ce soir, a trouvé les mots justes dans une conférence prononcée à Amiens en 1967 : « maintenir un but lointain pour les hommes, appelons-le un idéal, en un sens moral, et une espérance, en un sens religieux. »

Ainsi donc, la loi a été votée et non seulement mais avec des dispositions introduites sans vrai débat au mépris du respect que l’on doit à une instance censée représenter la volonté du peuple et à l’exigence que l’on est droit d’attendre. Ce vote inscrit sur la France une tache indélébile qui ne manquera pas d’étendre l’opprobre sur une législation déjà entachée par ce que les défenseurs de cette loi appellent depuis des décennies le progrès. Ainsi Mr Touraine s’est-il permis d’écrire, comme rapporteur du projet de loi : « Au début sont essentiellement formulés des interdits, souvent plus par prudence que pour de véritables raisons du respect de certaines valeurs humaines. Puis, avec la progression des connaissances, lorsqu’est acquise la certitude que l’on ne s’aventure pas dans une direction non maîtrisée tels des apprentis sorciers, il devient possible de soulever progressivement le voile des interdits. » …/… « L’enjeu est fondamental, il s’agit de choisir la société dans laquelle nous vivrons demain, de dessiner la condition humaine à laquelle nous consentons à nous soumettre et l’humanité que, tout à la fois, nous voulons transformer. » … Tout cela va bien dans le sens du « en même temps » cher à qui vous savez.

En 1959 Gustave Thibon a écrit une pièce de théâtre : « Vous serez comme des dieux ». On lit à propos de cette pièce « Au risque d’inciter le lecteur à penser qu’il est un inconditionnel du progrès technique, Thibon présente une technoscience ayant tenu toutes les promesses qui, en 1959, date de publication du livre, paraissaient folles : sérum d’immortalité, voyages dans l’espace, clonage, santé parfaite, paix sociale et même liberté d’opinion. En 2014, les mêmes promesses sont les objectifs d’un mouvement de pensée soutenu par les milliardaires californiens du numérique : le transhumanisme. Cela fait apparaître Thibon comme le premier critique du transhumanisme. Dans les oeuvres d’anticipation les plus connues, Nous autres de Zamiatine, le Meilleur des mondes de Huxley et 1984 de Orwell, l’avenir créé par la technoscience est clairement un enfer, préfigurant ou rappelant les régimes totalitaires du XXème siècle. Il va de soi qu’une personne sensée le rejette. Dans tous ces cas c’est moins le progrès technique démesuré qui est dénoncé que les régimes politiques qui l’utilise à des fins totalitaires. Ce qui aide à comprendre pourquoi l’élan progressiste n’a pas été brisé, ni même ralenti par l’horreur universelle que ces dystopies ont inspirée. Dans ce contexte, par exemple, on a renoncé à l’eugénisme pratiqué par un État, mais pour le réhabiliter ensuite en tant qu’objet d’un choix individuel. Thibon s’attaque directement à la démesure dans le progrès technique. C’est pourquoi, il donne à son meilleur des mondes toutes les apparences d’un vrai paradis sur terre. Son utopie ressemble à celle que le psychologue behavioriste B.F. Skinner a présenté dans Walden II. Il place son lecteur devant l’alternative fondamentale. La grande question est posée par l’héroïne de la pièce, Amanda. Elle a mis toute la contrée des immortels en état de choc en annonçant qu’elle redeviendrait mortelle. On la considère comme malade, de cette maladie d’avoir une âme ayant la nostalgie d’un autre monde. À défaut de réussir à la guérir, on en tire un clone, un copie conforme à tous égards mais sans âme. Elle s’adresse en ces termes à Hélios, l’homme qu’elle aime et qui l’aime: « Choisis. Moi je vais mourir. Je ne veux pas t’entraîner dans cet abîme — néant ou Dieu — dont je ne sais rien, sinon qu’il m’attire et que je le préfère à tout. Celle-là sera tienne éternellement, vous serez heureux de tout ce bonheur que j’ai refusé : aucun Dieu ne lui parlera, aucune mort ne te la prendra. Choisis ! » Vue sous l’angle de cette question, la pièce de Thibon est une métaphore futuriste pour décrire, en la portant à sa limite, une situation contemporaine. Déjà en 1959, le salut avait été remplacé dans les mentalités occidentales par cette longévité que les transhumanistes se proposent d’accroître indéfiniment. La croissance économique d’autre part, laquelle semblait illimitée, incitait les gens à situer leur bonheur dans l’avenir et à s’imaginer immortels sur terre. Choisis! Cette injonction qui, en 1959, n’avait de sens et d’importance que pour ceux, déjà très rares, dont la soif d’absolu n’avait pas encore été réduite à rien par l’appétit de consommation, est devenue une obligation politique à laquelle personne n’échappe. Il faut dire oui ou non au transhumanisme. En ce moment, nous disons oui, majoritairement, par l’enthousiasme ou l’indifférence avec laquelle nous acceptons aussi bien les innovations elles-mêmes que le rythme auquel elles s’opèrent. Cela, pour durer plus longtemps, mais sans l’ombre d’une réflexion sur les conséquences de notre choix. » (in http://encyclopedie.homovivens.org/documents/vous_serez_comme_des_dieux)

En imposant dans le contexte délétère que nous connaissons, lié à un phénomène inusité depuis longtemps et alors que nous croyions même avoir dépassé les limites de notre impuissance à tout contrôler grâce au progrès, notamment en matière médicale, un hémicycle déserté a imposé par cette loi, les contours de « la condition humaine à laquelle nous consentons à nous soumettre et l’humanité que, tout à la fois, nous voulons transformer », pour reprendre les termes dithyrambiques de Touraine dans son rapport. Il ne nous reste donc plus qu’à attendre cette transformation de l’humanité qui ne tardera à montrer ses visages monstrueux quand les manipulations génétiques insensées, les gestations anarchiques, les hybrides incohérents auront délivré leurs innommables productions incontrôlées en laboratoire. Le XX° siècle avait mis sous nos yeux les horreurs à peine cachées des idéologues du nazisme et nous les avions rejetées dans le soulagement douloureux de la victoire qui avait ouvert sur l’espérance. Le XXI° siècle qui commence les réintroduit dans la légalité sous le prétexte du progrès incontournable et avec la conviction « que l’on ne s’aventure pas dans une direction non maîtrisée tels des apprentis sorciers ». Ces gens ne croient pas en Dieu et pourtant ils répondent sans hésitation à la suggestion : « Vous serez comme des dieux qui connaissent le bien et le mal ». Mais savent-ils qui leur répond à la question qu’il avait lui-même posée ?