Adoration des bergers   Joyeux Noël & Meilleurs vœux pour la nouvelle année 2014

         « Bethléem est certainement le lieu où les extrêmes se touchent. »

         G.K. Chesterton

   « Les bergers prirent des risques, traversèrent probablement des « check points » et des routes bloquées pour VENIR et VOIR,  REPARTIR et TRANSMETTRE  le message d’espoir et de paix à toutes les nations »

   Adoration des bergers – Le Caravage (1609)

   [Musée régional, Messine]

Cette citation est extraite d’une lettre dont j’ai reçu la copie. Je me suis permis d’ajouter des guillemets à l’expression « check points » parce que je ne souhaite reprendre de la phrase que sa pure signification, sans oser me projeter au-delà des siècles pour ce qui est de la réalité de l’événement qui a eu lieu voici 2000 ans.[1]

Le 25 décembre j’écoutais le traditionnel message de Noël du pape (François désormais). Chaque année, et je l’écoute chaque année, les souverains pontifes reprennent une même thématique : celle de la paix. C’est ainsi que Jésus était annoncé par les prophètes.

  • Isaïe 9, 1-6 ; « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l’insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : « Merveilleux Conseiller, Dieu fort, Père à jamais, Prince de la Paix. » (Isaïe, vers 735 av. JC)
  • Michée 5, 1-4 : « Ils vivront en sécurité, car désormais sa puissance s’étendra jusqu’aux extrémités de la terre et lui-même il sera la paix !» (Michée : contemporain d’Isaïe)

Si depuis tant et tant d’années ce message se décline sur la même thématique, devrions-nous pour autant être désespérés de constater que cette paix, gagnée ici, est perdue ailleurs … et ainsi de suite dans un enchaînement, qui semble inexorable, de conflits qui se succèdent et qui durent depuis des siècles parfois.

Je reprends les 4 verbes essentiels du message :

       Venir  et voir : plus tard, au début de sa vie publique Jésus-Christ lancera à ses premiers disciples cet appel : « venez et vous verrez ». (Jean, 1, 39)

       Repartir : … « Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant Dieu… » (Luc 2, 20) et à la fin du même évangile (de saint Luc) Jésus étant mort au calvaire et déposé dans un sépulcre « les femmes qui étaient venues de la Galilée avec Jésus s’en retournèrent… ». (Luc, 20, 55-56)

      Transmettre : Les derniers mots de l’Evangile sont un envoi « Allez, de toutes les nations faites des disciples…leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit ». (Matthieu, 28, 19)

Voilà ce que je retiens, à titre personnel, de ces vœux venus de Palestine où a commencé et s’est achevée la vie d’un homme que beaucoup connaissent par son nom mais qui restent encore bien divisés quant à la réalité que recouvre ce nom : Jésus-Christ.

Je reviens à des mots écrits par le pape François dans sa récente exhortation apostolique « La joie de l’Évangile »

        « Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. Je répète ici pour toute l’Église ce que j’ai dit de nombreuses fois aux prêtres et laïcs de Buenos Aires : je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités.

Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures. Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ. »

Pape François, Evangelii Gaudium n° 49

Zurbaran - Adoration des Mages

Chacun peut l’écouter à sa façon mais nul ne peut dissocier ce message de celui dont il s’inspire.

 

         Noël 2013—Nouvelle année 2014

Le  25  décembre 2014 – 6 janvier 2014

PizziCatho

   L’adoration des Mages – Francisco de Zurbarán (1639-1640°

   [Musée des Beaux-Arts de Grenoble]



[1] La lettre a été écrite par D. Nassar, un chrétien qui vit en Cisjordanie dans les conditions qu’on connaît qui affectent cette région. Il est juste que je précise, pour ne pas trahir l’auteur, que l’emprunt à son message n’a pas la prétention d’entrer dans la douloureuse problématique actuelle de la Palestine.

Pour information sur l’auteur de la lettre :

http://www.tentofnations.org/

http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/3/21/73/59/Documents-textes/Palestine/Israel-la-tente-des-nations-article-Secours-Catholique0001.pdf

 

Nelson Mandela

Adieu Madiba

« Le jour où je suis sorti de prison, quand j’ai vu tous ces gens qui m’observaient, un flot de colère m’a envahi à la pensée qu’ils m’avaient volé vingt-sept années de ma vie. Alors je me suis dit : Nelson, quand tu étais en prison, tu étais libre; maintenant que tu es libre, ne deviens pas leur prisonnier. » (Nelson Mandela)

        Chaque fois que disparaît une grande figure, homme[1] ou femme, qui a marqué l’histoire de son époque, je reste songeur et je suis porté à méditer sur le thème : « … et maintenant ? ».

Pendant une période plus ou moins longue cette illustre personnalité a inscrit son histoire dans une culture et dans un domaine qu’elle a fait briller d’un éclat particulier.

« … et maintenant ? »

J’y pense à l’occasion du départ de Nelson Mandela.

La foule des chefs d’état, anciens et en exercice, qui par leur présence ont rendu hommage à la personnalité exceptionnelle que fut Nelson Mandela rappelle -mutatis mutandis- la même foule -mais pas tous les mêmes- qui assistait à Rome à la messe de funérailles de Jean Paul II en 2005.

La seule présence en de telles occasions de tant de représentants de l’autorité de nations aussi différentes, de régimes si divers, est un signe …

Mais de quoi ? Comme en toute circonstance semblable les déclarations qui rendent hommage au disparu sont rédigées en termes élogieux et il faut le croire sincères.

L’exercice est légitime, même si pour certains, l’impression laissée par ces éloges rend mal à l’aise tant il apparaît difficile de ne pas voir transparaître une volonté plus ou moins consciente d’écrire quelques lignes ou une page qui figure en bonne place dans un parcours plutôt fade, voire contestable mais rehaussé par la personnalité qu’on salue…   J’y’ étais !  diront-ils, comme si leur seule présence suffisait à faire rejaillir, ne serait-ce qu’un peu de l’honneur du disparu sur une personnalité à l’envergure bien limitée.

Au-delà de l’inflation médiatique dont l’événement est l’objet je souhaite rebondir à propos sur cette « étrange sainteté ».

Car il faut bien le dire, quelle que soit la personnalité, son parcours personnel, les épreuves qu’elle a traversées ou l’aura qui l’a entourée, la tendance est à « canoniser » empruntant à la tradition de l’Eglise Catholique.

Mais quel est le sens de cette « canonisation » ?

Dans de nombreuses nations existe un « panthéon » où sont rassemblés les « héros » de la nation quel que soit le titre de gloire qui leur vaut cette entrée au Panthéon des hommes illustres (… où des femmes aussi ne sont entrées que bien tardivement !).

Pourquoi « canoniser » ainsi une œuvre, de hauts-faits, de justes combats, un « génie » … bref une vie qui a brillé et dont la lumière a éclairé une époque et une nation.

Mais je me suis éloigné de mon projet initial. Je reviens à « Madiba », Nelson Mandela.

Avec lui disparaît peut-être l’une des dernières grandes figures emblématiques du XX° siècle : siècle de combats, de luttes trop souvent sanglantes pour conquérir la liberté, pour la retrouver, pour la sauvegarder, cette « valeur » universelle qui est aussi l’une de celles qui n’en finira pas de coûter « du sang et des larmes » car être libre est l’une des aspirations les plus nobles de l’homme.

Nelson Mandela n’est pas sorti de 27 ans d’emprisonnement détruit et révolté. Revenu à la vie d’homme libre il n’est pas entré dans le camp des « vainqueurs » en criant « Vae victis! ». C’est admirable !

Quant à la liberté, force est de constater que l’homme  n’en finit jamais de tomber dans des esclavages qu’il engendre lui-même … croyant s’ouvrir un chemin vers de nouvelles libertés.

Pourquoi ?

Quelle liberté l’homme cherche-t-il ?

Sait-il même, après tant de siècles, ce qu’est la liberté ?

Un jour interrogeant l’homme qu’on lui amenait pour le juger, ce Préfet de Judée pose à l’accusé cette question « Qu’est-ce que la vérité ? ». On ne sait si pressé par le temps, inquiet de la tournure que prend l’affaire ou craignant d’entendre la réponse, il se détourne sans attendre la réponse.

Bien plus tard l’un des témoins rapportera ces paroles de l’accusé prononcées au cours d’un de ses discours « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »

Bien sûr, qui n’aura reconnu cette parole de Jésus-Christ, devenue sans doute l’une des plus emblématiques et reprise si souvent dans des contextes si divers et, hélas aussi, détournée de son sens originel.

Et maintenant… ?

J’y pense toujours quand on salue avec tous les honneurs posthumes celui qui a quitté cette terre et je pense aussi qu’il emporte au fond de lui ces questions auxquelles il aura essayé de répondre sa vie durant « Qu’est-ce-que la vérité ? » Et en écho cette réponse « La vérité vous rendra libres ».

Et maintenant … ?

Ma conviction est que la réponse lui est donnée désormais indépendamment des honneurs qui lui sont rendus en présence de Celui qui lui aura par tous les moyens donné l’occasion d’entendre cette vérité qu’il aura cherchée en cherchant la liberté.

… Et si on y pensait aussi avant cette ultime rencontre ?


[1] Je distingue mais qu’il me soit permis d’apporter cette précision d’une grande dame de la culture française dans ce qu’elle a de plus noble, Madame Jacqueline de Romilly de l’Académie Française. « Dans Le jardin des mots » est un merveilleux recueil de chroniques qu’elle a écrites pour Santé Magazine. Au chapitre « Homme » elle écrit ce qui suit : « Le mot français vient tout droit du latin [homo] ; mais on ne sait pas toujours assez que ce mot latin lui-même a pour origine une racine signifiant la « terre » ! Homme voudrait donc dire « né de la terre » ! … Au début on écrivait seulement om, ce n’est grand-chose. » Dans le jardin des mots, par Jacqueline de Romilly [http://www.mollat.com/livres/romilly-jacqueline-dans-jardin-des-mots-9782253124382.html?affid=91&prov=g]

N’étant pas spécialiste en langue anciennes j’aurais aimé poser à Mme de Romilly la question de la filiation sémantique entre cette racine supposée « om » et la « syllabe mystique » si chargée de symbolisme du plus célèbre mantra du bouddhisme : Om mani padme hum (en sanskrit ॐ मणिपद्मे हूँ en Tibétain : ཨོཾ་མ་ཎི་པ་དྨེ་ཧཱུྃ་ (Oṃ maṇi padme hāuṃ).

 

 

Moslem Quarter (13)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le pape François plaide pour un renouveau de l’Eglise catholique et appelle les dirigeants des grandes puissances mondiales à lutter contre la pauvreté et les inégalités engendrées par le capitalisme financier, qu’il qualifie de « nouvelle tyrannie invisible ». 

…/…

« Je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités »

Pape François, la joie de l’Evangile, n. 49

… Cette citation volontairement extraite d’un article et dont il me semble intéressant de souligner qu’elle est publiée dans une revue qui s’intéresse aussi à d’autres aspects du capitalisme financier.

http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/le-pape-qualifie-le-capitalisme-financier-de-nouvelle-tyrannie-891215

http://www.vatican.va/holy_father/francesco/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium_fr.pdf