Ces quelques mots pour introduire le courrier que je transmets en pièces jointes. Je l’envoie à l’occasion de Noël 2014 et de la nouvelle année 2015 à la plupart des amis et des connaissances entrés dans mon carnet d’adresses au fil des années dans les circonstances les plus diverses.

Ce n’est ni l’improvisation ni le hasard qui me conduit à l’envoyer (presque) sans faire de sélection.

Le seul risque que je prends en envoyant un courrier de ce style, non sans une tonalité de provocation que j’assume, est d’avoir d’heureuses surprises… même si je n’en saurai peut-être jamais rien. Je souscris à ce que Saint-Exupéry fait dire au petit prince dans cette merveilleuse formule qu’un homme de foi ne renie pas : « L’essentiel est invisible pour les yeux » dit le renard. Et le petit prince de répéter : « L’essentiel est invisible pour les yeux ». Et le renard de poursuivre : « les hommes ont oublié cette vérité. » 

Cette année encore c’est avec la même émotion de toujours qu’à la Messe de Minuit, comme c’est une tradition liturgique, je me suis mis à genoux au verset du Credo « Il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme ». Le pape François dont on sait qu’il n’est pas à court d’innovation en paroles et en gestes, a demandé cette année qu’un orchestre symphonique interprète l’ « Et incarnatus est » de la Messe en Ut mineur de W.A. Mozart pour solenniser encore plus le verset[1]. cf. https://www.calamus-scriptorius.org/2014/01/

La première pièce jointe est la lettre que j’envoie pour transmettre mes vœux… simples et directs !

La deuxième est une vidéo de presque 5’ (pas plus !). Vous avez le choix de seulement contempler la beauté des tableaux soutenue par la paisible musique venue tout droit d’un Extrême-Orient qui a su se laisser inspirer, sans se renier, par le mystère chrétien. … La preuve que les civilisations ne sont pas imperméables les unes aux autres et peuvent dialoguer dans la paix et l’harmonie. Quant aux paroles chacun en tirera en toute liberté ce qu’il voudra.

 

Giotto di Bondone.03

Giotto di Bondone – Scènes de la vie du Christ : Nativité – Fresque 1304-1306

Chapelle Scrovegni (Chapelle de l’Arena), Padoue

Le simple abri sous lequel la Vierge et son enfant cherchent refuge est situé au milieu d’un sombre paysage rocheux. Marie se tourne de côté sur le lit afin de recevoir le nouveau-né des bras d’une sage-femme – un geste naturel et spontané que le regard de la mère et de l’enfant amplifie encore. Bien périphérique, cet échange de regards semble être le véritable centre de l’image, encore élargie pour inclure la scène de l’annonce aux bergers.


 

Les mots qui introduisent ce message de Noël ne sont pas d’un théologien ni même d’un prêtre dans son homélie de la Messe de la Nativité mais extraits de l’Éditorial d’un journal[2].

 « De la lumière à la lumière …

Qui est-il, cet enfant au fond de la crèche dont on devine les bras ouverts ? Qui est ce jeune homme au regard attentif, protégeant de sa main la vive flamme ?

 « De la souffrance à l’amour …

Cette crèche se trouve en Irak, dans la ville d’Erbil où tant de famille viennent chercher refuge. Elles ont tout quitté parce qu’elles voulaient rester fidèles à leur foi, parce qu’elles cherchent la paix.

« De l’attente à l’espérance …

Au loin un enfant attend. Son regard semble scruter l’immensité de la vie. Il s’approche, portant comme un trésor, cette flamme fragile. Fragile comme un nouveau-né. 

Dans la profonde nuit de Galilée voici plus de 2000 ans, l’Évangile rapporte que des bergers entendirent ces paroles : « Soyez sans crainte… Aujourd’hui vous est né un sauveur qui est le Christ Seigneur. »

« Ce nouveau-né a, lui aussi, fui la barbarie et la mort. Il a connu l’exode… Il demeure le signe de toutes les espérances humaines, de l’amour qui resplendit dans la chaîne ininterrompue de la vie. »

 

Notre monde est empêtré dans ses contradictions.

D’un côté ceux qui ne veulent pas entendre parler de symboles religieux, qui, selon eux, attentent à une certaine forme de liberté sous prétexte de « laïcité ».

De l’autre, parfois aussi les mêmes, ceux qui, pour des motivations que l’on ne comprend pas très bien, manifestent une « vague » sensibilité à l’égard des chrétiens persécutés, en Irak et en bien d’autres points du globe… mais sans plus.

Où est la cohérence ?

J’y vois plutôt l’incohérence du « politiquement correct» qui s’accorde avec l’incohérence des convictions.

Mais pour tant de chrétiens installés dans le confort et la passivité qui n’ont plus le courage d’affirmer leur foi c’est un peu comme si « tout ça » n’était rien d’autre que la mémoire historique enfouie sous les strates de l’indifférence … avant de sombrer dans l’oubli.

 J’emprunte les derniers mots au pape François :

« Il est salutaire de se souvenir des premiers chrétiens et de tant de frères au cours de l’histoire qui furent remplis de joie, pleins de courage, infatigables dans l’annonce et capables d’une grande résistance active. Il y en a qui se consolent en disant qu’aujourd’hui c’est plus difficile ; cependant, nous devons reconnaître que les circonstances de l’Empire romain n’étaient pas favorables à l’annonce de l’Évangile, ni à la lutte pour la justice, ni à la défense de la dignité humaine. A tous les moments de l’histoire, la fragilité humaine est présente, ainsi que la recherche maladive de soi-même, l’égoïsme confortable… ».[3]

 C’est toujours Noël, le joyeux message de la Nativité, prélude à une nouvelle année que je souhaite à chacun belle et remplie d’espérance… l’espérance de Noël et de son inestimable message dont l’actualité échappe au cours du temps qui passe.

2014.12.25 – 2015.01.01

 

 

 

[1]http://fr.radiovaticana.va/news/2014/12/23/et_incarnatus_est_de_mozart_pour_la_messe_de_la_nuit_de_no%C3%ABl_%C3%A0_saint-pierre/1115847

[2] http://www.ouest-france.fr/editorial-joyeux-noel-3080303

[3] La joie de l’Evangile, 263 in http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium.html