Kinshasa 22 août 2008

Le voyage apostolique du pape François à Kinshasa

Extraits

« Jésus souffre avec toi pour que tu trouves la force de pardonner à toi-même, aux autres et à l’histoire, et le courage d’accomplir une grande amnistie du cœur ».

Il est bien conscient qu’il s’adresse à un population meurtrie depuis de longues années par les innombrables souffrances passées et toujours actuelles engendrées par la haine.

Même un tribun hyperactif sur un canal d’inspiration très libertaire et accessoirement plutôt anticatholique[1] reconnaît la valeur des paroles du pape. Il est heureux de noter que l’accord peut toujours se faire sur des points de convergence, malgré la distance des convictions. Je ne partage pas vraiment les positions idéologiques de Daniel Mermet mais pour une fois je suis d’accord avec lui : « VIVE FRANÇOIS ! … le pape, oui ! Non, non, vous ne rêvez pas… »

Et de reprendre le mots-mêmes du pape, prononcés dans les jardins du palais présidentiel : « Ôtez vos mains de la République Démocratique du Congo, ôtez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser ».

Ce discours qui a des accents politiques est tout à fait légitime parce que la voix de l’Église n’est pas muette sur les sujets de société alors qu’une conception étroite de la laïcité voudrait la réduire au silence.

Le pape a dit aussi : « La paix soit avec vous, la paix qui arrive dans les cœurs en ruines ». Et il rappelle que les apôtres se trouvaient dans cet état après la mort de Jésus sur la croix, au Golgotha. « Alors qu’ils ressentent en eux la mort, [Jésus] annonce la vie, la paix au moment où tout semble fini pour eux, au moment le plus inattendu et inespéré, où il n’y aucune lueur de paix ».

« Le Seigneur tend la main lorsque nous sommes sur le point de sombrer, il nous relève quand nous touchons le fond ».

Avant de remettre le pouvoir de pardonner aux apôtres, Jésus montre ses plaies, « parce que le pardon naît des blessures. Il naît lorsque les blessures subies ne laissent pas des cicatrices de haine mais deviennent le lieu où faire de la place aux autres et accueillir leur faiblesse. Alors les fragilités deviennent des opportunités, et le pardon devient le chemin de la paix ».


[1] Mercredito #30 | VIVE FRANÇOIS ! (le pape, oui ! Non, non, vous ne rêvez pas…)

https://la-bas.org/la-bas-magazine/chroniques/mercredito-30-vive-francois-le-pape-oui-non-non-vous-ne-revez-pas
No. 19 Scenes from the Life of Christ: 3. Presentation of Christ at the Temple 1304-06 Fresco, 200 x 185 cm Cappella Scrovegni (Arena Chapel), Padua

2 février, la date est symbolique.

Avec le vote que le Sénat vient de valider par 166 voix contre 152 par lequel il a opté pour inscrire dans la constitution, par l’insertion d’un simple alinéa : « La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse », il a emboîté le pas à un état d’esprit qui répond à un principe qui prend une valeur symbolique dont la France n’a pas à être fière.

Gregor Puppinck qui est intervenu auprès des sénateurs pour les alerter sur le « piège idéologique » du droit à l’avortement ne les a malheureusement pas convaincus.

Il va au bout de son argumentation en dénonçant « un choix ontologique radical, l’affirmation d’une conception de l’être humain matérialiste et volontariste, qui affirme la domination de la volonté sur l’être »[1]

Nous ne sommes pas seulement dans un débat d’idées théoriques sans implication dans la vie réelle. Il s’agit d’un choix qui entraine la France dans une tragédie dont elle aura beaucoup de mal à sortir parce que cette tragédie est d’abord un abandon de la femme à la difficulté d’assumer la responsabilité de donner la vie. Elle est poussée devant un mur infranchissable qui l’empêche de voir la beauté de transmettre la vie.

Dans un remarquable exposé de la situation si particulière dans laquelle se trouve actuellement la France en Europe comme le leader devant bien d’autres nations voisines, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Suisse quant au nombre d’avortements, Gregor Puppinck nous dévoile non seulement une situation inquiétante pour l’avenir avec une démographie en berne mais aussi et peut-être surtout, parce qu’avec l’inscription de « la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse » se creuse de plus en plus l’inadéquation de cette prétendue liberté à la volonté de la plupart des femmes de prendre en mains leur destinée de femme.

On laisse croire qu’elles vont gagner en liberté alors que ce sont des chaînes que l’on se propose de leur imposer sous le prétexte fallacieux d’être plus libres.

L’IVG n’est pas et ne sera jamais une ouverture vers plus de liberté et moins encore vers un droit, même si le vote d’une Assemblée validé par le Sénat laisse croire que c’est la décision d’une vraie démocratie.

Qui pourrait penser qu’une loi serait à même de « normaliser » un acte qui comporte deux versants : la suppression d’une vie et l’abolition avec toutes ses conséquences de l’aide qu’une nation se doit d’apporter à tous ses citoyens et en particulier aux plus démunis d’entre eux.

Car les chiffres en apportent la preuve : ce sont les plus pauvres, les femmes seules qui sont le plus victimes, car peut-on les appeler autrement, de la pression exercée par la société sans le recours aux aides nécessaires dans les situations où un enfant devient non plus une joie mais un problème dont il faut se débarrasser.

Et pourtant la France s’est engagée depuis la Conférence du Caire sur la Population et le Développement en 1994, à « réduire le recours à l’avortement » et à « prendre des mesures appropriées pour aider les femmes à éviter l’avortement ».

Alors qui se réjouira de l’ajout d’un simple alinéa à la Constitution, quand celui-ci aura pour conséquence, il faut le crier haut et fort, le mépris de la femme en tant que femme alors que dans bien des domaines on ne peut que se réjouir de la place qu’elle prend dans les sociétés où, il faut aussi le dire, le « machisme séculaire » a causé les plus grands dommages.

Et je reprendrai parce que je n’ai pas de meilleure explication, celle par laquelle Gregor Puppinck conclut son remarquable et vibrant appel :

« C’est un choix terrible qui déclare que la destruction de la vie humaine est une liberté humaine. C’est aussi un choix qui nous oblige à croire que l’homme n’a pas d’âme, mais seulement un corps doté d’intelligence ».


[1] https://eclj.org/abortion/french-institutions/ivg-sortir-du-piege-ideologique

Bras droit de saint Jean-Paul II, Joseph Ratzinger était présenté dans les médias comme « Panzerkardinal ».

Un terme plutôt caricatural pour signifier sans délicatesse et ses origines allemandes et la charge qu’il exerçait comme Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi.

Il est de tradition qu’à la disparition d’un personnage connu on dresse de lui un portrait qui sans prétendre à l’exactitude le définit devant l’histoire.

Quelle image le monde contemporain gardera-t-il de Benoît XVI ?

La richesse de la personnalité de Joseph Ratzinger qui s’est prolongée pendant les années du pontificat de Benoît XVI n’échappe à personne, quelle que soit ses convictions.

Les visages qui se présentent à nous après sa disparition sont multiples :  intellectuel, penseur, théologien, pasteur, mélomane et pianiste…

Autant de visages qui sont le reflet avant tout d’un homme qui nous impressionne par l’étendue de ses connaissances et la profondeur de sa réflexion qui s’est traduite par de nombreuses publications avant et pendant son pontificat[1].

Mais, au risque de la réitération, ce sont les visages d’un homme que nous avons suivi, peut-être accompagné par la prière, pendant les dernières années et notamment après qu’il eut renoncé à la charge, devenue trop lourde pour ses épaules, de successeur de Pierre.

Un homme d’une stature peu commune et d’une simplicité qu’ont confirmée tous ceux qui ont travaillé à ses côtés ou qui l’ont rencontré : des ecclésiastiques dont plusieurs papes, des hommes politiques, des intellectuels, des artistes, …

« Le choix de Joseph Ratzinger comme pontife suprême s’explique par des considérations qui tiennent aussi bien à sa personnalité qu’à l’ampleur des défis auxquels est exposée l’Église catholique. Ainsi, on s’est refusé à souscrire aux jugements sommaires qui tendaient à le présenter comme un Bavarois obtus, un grand inquisiteur, un prince de l’Église attaché à ses privilèges, un nostalgique de l’Église préconciliaire et un théologien réactionnaire. En revanche, on a été sensible à ses qualités humaines et intellectuelles : une vaste culture philosophique et littéraire, des connaissances encyclopédiques en théologie, sa maîtrise des langues étrangères, la clarté de son propos et son sens des nuances dans l’exposé de la doctrine chrétienne. »

Ainsi le définit Jean Klein en 2007 dans les premières années de son pontificat[2].

Lors de sa renonciation en 2013, le monde a été, le mot est faible, sous le choc. Et on pouvait lire sous la plume de Solange Bied-Charreton, dans le Monde du 2 mars 2013 sous le titre provocateur « Je veux un pape ringard » [3] un article dont le seul titre disait tout ce que les médias pensait de Benoît XVI.

Alors, pour revenir au bilan de Joseph Ratzinger-Benoît XVI-Pape émérite, que gardera le monde contemporain de celui qui vient de nous quitter après plusieurs années dans la solitude où il avait voulu se retirer au Vatican pour prier ?

J’avais répondu à S. Bied-Charreton qui appelait de ses vœux « un pape ringard » pour lui succéder alors qu’elle écrivait en 2013 l’article sus-cité : « Dans la joie ou dans la tristesse, tous l’ont bel et bien enterré. Et pourtant Joseph Ratzinger respire encore ! ». Ma réponse était rédigée dans un langage que j’ai voulu à la hauteur de sa provocation, et sans irrespect mais au contraire pour exprimer combien je suis reconnaissant à Benoît XVI d’avoir incarné ce que nous attendons tous d’un pape moderne et qu’il a été pour le plus grand bien de l’Église j’avais écrit : « Je veux …

  • « Un pape Fashion » : pas au sens habituel du terme, question style vestimentaire, mais un pape qui tient sa place dans le paysage médiatique autrement que comme une icône de magazine people, parce qu’il a des choses vraies et vitales à nous dire sur la foi et sur la morale.
  • « Un pape qui sorte des clous de temps en temps » : non par souci d’originalité et de ne pas faire comme tout le monde, mais parce qu’il est le représentant institué de celui au sujet duquel il avait été prédit à sa mère qu’il serait « un signe de contradiction ».
  • « Un pape hors-piste » : non pas parce qu’il déraille ou qu’il dérape, mais parce qu’il a le devoir de ne pas suivre le consensus mou de l’évolution naturelle en pente descendante vertigineuse de la société en manque de repères.
  • « Un pape « Rallye-Dakar » » : qui n’a pas peur de l’aventure, sans courir l’aventure pour l’épate, parce qu’il sait bien que sa fonction est de marcher en tête, en tenant bien en main la Croix qu’il reçoit en héritage de son maître, comme l’insigne de sa charge et obéissant au mandat de la porter pour le suivre.
  • « Un pape version tempête apaisée plutôt que radeau de la Méduse » : parce qu’il est à la barre de la barque de Pierre et qu’il a pour mission d’aller au large, malgré les tempêtes.
  • « Un pape « Vendée-Globe » » : qui ne craint pas d’affronter les 40° rugissants qui se déchaînent chaque fois qu’il prononce une parole qui va à contre-courant du tout-prêt-à-penser dans les domaines tellement sensibles de la foi et de la morale.
  • « Un pape qui siffle la fin de la récré » : maintenant tout le monde rentre à la maison et plus question de réinventer et de faire des expériences pour voir si ça marche mieux sous prétexte que les méthodes d’avant c’est plus « fashionable ».
  • « Pas un pape « pot-de-fleurs-parce-que-c’est-décoratif » : un pape qu’on invite pour les grandes occasions parce que ça fait bien sur la photo dans les archives historiques.
  • « Pas un pape langue de bois » : un pape qui parle haut et fort, qui nous fixe des exigences et des objectifs élevés à la mesure de la mission qui a été celle de l’Eglise de toujours, depuis le premier jour, avec les premiers chrétiens dont beaucoup furent des martyrs, et jusqu’à aujourd’hui.
  • « Pas un pape G.O. » : qui fait « gouzi-gouzi » pour déplaire à personne.
  • « Pas un pape qu’on laisse jouer au pape » : parce que c’est une figure incontournable et qu’on ne peut plus s’en passer même si on ne l’écoute plus.
  • « Pas un pape qu’on n’autorise pas à parler des droits de l’homme » : parce que la meilleure façon de servir les droits de l’homme c’est d’affirmer et de respecter les droits de Dieu.

Nous voulons un pape qui marche devant nous, un pape qui prie, un pape qui nous ouvre le chemin, un pape qui n’a pas peur d’aller à rebours des modes qui passent, parce que c’est la mission que lui a confiée Jésus-Christ : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église ».

Une immense reconnaissance à Benoît XVI qui a été le pont dont l’Église avait besoin pour prendre le bâton de relais qu’avait laissé Jean-Paul II et le transmettre à son successeur, le pape François.


[1] https://www.wikiwand.com/fr/Beno%C3%AEt_XVI#/%C5%92uvres

[2] https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/ndc43.pdf Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) Jean Klein, Mai 2007

[3] https://www.lemonde.fr/idees/article/2013/03/02/je-veux-un-pape-ringard_1841822_3232.html

D’année en année le message Urbi et Orbi du pape, – … à la ville de Rome et au monde -, à l’occasion de Noël nous emmène « en voyage ».

Non, le Pape n’est pas à la tête d’une nouvelle agence de voyages !

Il nous conduit sur le parcours douloureux des pays où Noël n’a pas partout la même signification.

Depuis des semaines les vitrines, les rues des villes et des villages, s’illuminent, en dépit des possibles restrictions qui s’imposent dans cette période de pénurie énergétique réelle ou potentielle.

L’Ukraine en conflit avec la Russie, le Moyen-Orient : la Terre Sainte, le Liban, la Syrie, et aussi l’Afghanistan, la Corne de l’Afrique, … Et j’ajoute Artsakh dans le Haut-Karabakh où 120 000 Arméniens luttent pour leur survie et celle de quelques 30 000 de leurs enfants.

Plus de deux cents intellectuels , des écrivains, des artistes, des personnalités du monde de la culture se mobilisent en signant un appel à leur intention et pour sensibiliser le reste du monde face au risque d’une épuration ethnique qui se profile.

Et pendant ce temps Noël nous a rappelé, première lecture de la Messe de minuit : « Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ».

Ce verset est extrait du livre d’Isaïe (9, 5). Il s’inscrit dans le contexte de l’histoire : la montée en puissance de l’Assyrie au VIIIe siècle avant Jésus-Christ. En 1947, parmi les manuscrits de la mer Morte, à Qumran, seul le Livre d’Isaïe a été retrouvé dans son intégralité sous la forme d’un manuscrit du IIe siècle av. J.-C. : le Grand Rouleau d’Isaïe.

Sans entrer dans le détail il est aussi interprété comme la prophétie qui annonce l’évènement que nous venons de célébrer le 25 décembre.

Est-il facile ? Pure rhétorique ? Étalage d’une science que je ne maîtrise pas, l’exégèse ? … d’écrire ces quelques mots entre deux dates emblématiques ? 

Rien de tout cela. Tous simplement l’occasion d’un constat devant l’histoire qui déroule son imperturbable chronologie d’année en année, de siècle en siècle.

Je laisse aux historiens le soin de lire et d’écrire l’histoire avec leur méthode qui est celle d’une science.

Pour ma part en 2022 j’observe que si les circonstances d’aujourd’hui ne s’inscrivent pas comme nous renvoyant par un flash-back sur un scénario écrit d’avance, ni comme la réalisation d’une prophétie qui se répèterait avec l’insistance d’un rappel à l’ordre pour nous dire que nous sommes sourds, Noël est toujours un message, le même message, le seul message.

Gerrit van Honthorst (1592-1656), L’Adoration des bergers (huile sur toile, 1622), Musée régional de Poméranie, Greisfawald, Allemagne.

« Vous avez le droit d’exiger qu’on vous montre la Crèche. La voici.La Vierge est pâle et elle regarde l’enfant. Ce qu’il faudrait peindre sur son visage, c’est un émerveillement anxieux, qui n’apparut qu’une seule fois sur une figure humaine, car le Christ est son enfant, la chair de sa chair et le fruit de ses entrailles. Elle l’a porté neuf mois. …

Et Joseph. Joseph ? Je ne le peindrais pas. Je ne montrerais qu’une ombre au fond de la grange et aux yeux brillants, car je ne sais que dire de Joseph. Et Joseph ne sait que dire de lui-même. Il adore et il est heureux d’adorer. »

Non je n’ai pas composé moi-même ces quelques lignes. Nous sommes en 1940, dans un camp de prisonniers français en Allemagne. Des prêtres prisonniers demandent à un autre prisonnier qui partage avec eux la condition de la détention dans ce camp, de rédiger un petit texte, (une méditation ?) pour la veillée de Noël. Cet autre prisonnier s’appelle Jean Paul Sartre…

Ce texte est dérangeant pour les amis de Jean Paul Sartre. Simone de Beauvoir réfutera avec vigueur l’origine de ce texte. Mais l’auteur lui-même confirmera en être l’auteur en rédigeant en 1962 la note suivante : « Si j’ai pris mon sujet dans la mythologie du Christianisme, cela ne signifie pas que la direction de ma pensée ait changé, fût-ce un moment pendant la captivité. Il s’agissait simplement, d’accord avec les prêtres prisonniers, de trouver un sujet qui pût réaliser, ce soir de Noël, l’union la plus large des chrétiens et des incroyants ».

1223, nous sommes cette fois à Greccio, une ville d’Italie avec saint François d’Assise. Il dit à l’un de ses amis, qui avait mis à la disposition des frères une grotte dans la montagne : « Je veux célébrer Noël avec toi, cette année, dans la grotte. Tu y installeras une mangeoire pleine de foin. Fais venir un bœuf et un âne. Il faut que cela ressemble à la crèche où est né Jésus ». C’est l’histoire de cette tradition.

https://www.jaimemonpatrimoine.fr/fr/module/81/1208/la-creche

« Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville. Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth vers la Judée, vers la ville de David qui s’appelle Bethléem parce qu’il était de la maison et de la famille de David pour se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte. Or, comme ils étaient là, furent accomplis les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils, le premier-né et elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie. » Luc 2, 3-7

Je reprends juste quelques extraits de ce qui se passe, par exemple loin d’ici – cf. https://missionsetrangeres.com/eglises-asie/a-quang-tri-les-villageois-de-lethnie-van-kieu-confrontes-aux-autorites-avant-noel/.

« Nous sommes dans un district rural de la province de Quang Tri au Viêt Nam. Les paroissiens de l’ethnie Van Kieu célèbrent la Nativité malgré les restrictions des autorités locales, qui interdisent les crèches et les décorations de Noël aux villageois indigènes des environs.

Selon les habitants, les autorités locales les forcent à rester fidèles à l’ancien président Hô Chi Minh, fondateur du Parti communiste vietnamien. Dans le passé, on leur a même demandé d’accrocher son portrait chez eux. En 2019, une famille de villageois a décidé malgré tout de faire une crèche et d’accrocher une lanterne en forme d’étoile devant chez eux. Toutefois, de retour de la veillée de Noël où ils s’étaient rendus dans l’église de Ba Long, située à 15 km de chez eux, ils ont retrouvé la crèche détruite. »

Des faits qui, bien que se déroulant loin de chez nous, ne sont pas sans rappeler une bataille d’un autre âge que nous connaissons parfois aussi en France : la « bataille culturelle » des crèches ?

Peut-on se limiter à réduire la crèche à un symbole, à un « fait culturel », une « tradition culturelle » comme une autre…

Si ce « trait culturel » a franchi les frontières et s’est inscrit dans d’autres cultures… sans les défigurer, c’est qu’il n’est pas seulement un « trait culturel ».

La crèche plonge ses racines dans un évènement de l’histoire qui est, sans doute, devenu un symbole que certains voudraient exclure au nom d’une vision étroite de la laïcité. Dans sa simplicité elle exprime sa propre histoire, celle d’un évènement qui s’est déroulé dans l’anonymat le plus total il y a 2000 ans mais qui, comme tant d’autres, ne serait resté que comme une date, noyée dans le cours des évènements de l’histoire s’il n’était autre chose qu’un « symbole ».

Pourquoi cet évènement reste-t-il un marqueur pour ceux qui le célèbrent comme pour ceux qui veulent le faire oublier…

Pour ceux qui de temps à autre ouvrent une bible, ils liront dans le prologue de l’Évangile de saint Jean ce verset : « Et le Verbe s’est fait chair… » Jean 1, 14.

Toute la foi catholique tient dans le texte du Credo et ce verset en est comme le cœur qui conditionne toute la suite jusqu’à « il est ressuscité des morts ».

Alors un symbole ? Oui c’est ainsi qu’on appelle aussi le Credo : le Symbole des apôtres.

« Dès le commencement, mon Église a été ce qu’elle est encore, ce qu’elle sera jusqu’au dernier jour, le scandale des esprits forts, la déception des esprits faibles, l’épreuve et la consolation des âmes intérieures, qui n’y cherchent que moi. Oui, frère Martin, qui m’y cherche m’y trouve, mais il faut m’y trouver, et j’y suis mieux caché qu’on le pense, ou que certains de mes prêtres prétendent vous le faire croire – plus difficile encore à découvrir que dans la petite étable de Bethléem, pour ceux qui ne vont pas humblement vers moi, derrière les Mages et les Bergers.Car c’est vrai qu’on m’a construit des palais, avec des galeries et des péristyles sans nombre, magnifiquement éclairés jour et nuit, peuplés de gardes et de sentinelles, mais pour me trouver là, comme sur la vieille route de Judée, ensevelie sous la neige, le plus malin n’a encore qu’à me demander ce qui lui est seulement nécessaire : une étoile et un cœur pur. »« Martin Luther », 1943, Georges Bernanos

Joyeux Noël et avec mes souhaits d’une nouvelle et belle année 2023.

Vincent van Gogh (1853-1890)
Le Bon Samaritain (1890)
Rijksmuseum Kröller-Müller, Otterlo 

Le Bon Samaritain

Je lis ce matin sous la plume de Luc Ferry (Le Figaro, Jeudi 6 janvier 2022 – Opinions) :

« L’universalisme républicain n’est qu’un héritage du christianisme comme l’avait vu Tocqueville, dans un passage de La Démocratie en Amérique, en parlant de la grande Déclaration des droits de l’homme de 1789 : « C’est nous, les Européens, écrivait-il, qui avons donné un sens déterminé et pratique à cette idée chrétienne que tous les hommes naissent égaux et qui l’avons appliquée aux faits de ce monde. C’est nous qui, en détruisant dans tout le monde le principe des castes, des classes (…), en répandant dans tout l’univers la notion de l’égalité des hommes devant la loi, comme le christianisme avait créé l’idée de l’égalité de tous les hommes devant Dieu, je dis que c’est nous qui sommes les véritables auteurs de l’abolition de l’esclavage. »

J’extrais cette citation d’un article qui se veut un hommage à tous ceux qui depuis que la pandémie a mis le feu à toute la planète a aussi contribué à la destruction du tissu social. Et Luc Ferry de conclure : « Belle méditation, qui établit, avec beaucoup de finesse et de profondeur, une filiation entre l’idée républicaine dans ce qu’elle a de plus laïque et l’héritage chrétien dans ce qu’il a de plus humaniste : l’égalité des créatures devant Dieu, transposée en égalité des citoyens devant la loi, n’est au fond qu’une sécularisation réussie de la parabole du bon Samaritain : comme elle, elle ouvre la compassion pour le prochain à un universalisme qui fait abstraction des appartenances communautaires pour étendre le principe de fraternité à l’humanité tout entière. Qu’hommage soit ici rendu aux bons Samaritains d’aujourd’hui, qu’ils soient chrétiens ou non ! »…

Et si c’était aussi l’occasion de rappeler que « l’héritage chrétien » n’a jamais été en contradiction avec les principes de « l’idée républicaine dans ce qu’elle a de plus laïque » ? Alors on en aurait peut-être fini des interminables querelles qui finissent par miner les plus belles énergies en même temps qu’elles entretiennent la suspicion, le rejet … qui sont le terreau de la haine.

Juste une remarque : Luc Ferry affirme : C’est nous qui, en détruisant dans tout le monde le principe des castes, des classes (…), en répandant dans tout l’univers la notion de l’égalité des hommes devant la loi, comme le christianisme avait créé l’idée de l’égalité de tous les hommes devant Dieu, je dis que c’est nous qui sommes les véritables auteurs de l’abolition de l’esclavage. »

Il insiste sur cette idée que « nous sommes les véritables auteurs de l’abolition de l’esclavage ». Il oublie que c’est « nous » aussi qui l’avons introduit et avec lui « le principe des castes, des classes (…). Ce n’est pas le christianisme qui a « créé l’idée de l’égalité de tous les hommes devant Dieu »… Le christianisme n’est le christianisme que si on veut bien comprendre que c’est Jésus-Christ son socle, sa référence, sa racine et qu’il n’y a pas de solution de continuité essentielle ni existentielle entre Dieu et Jésus-Christ. Alors si un hommage doit être rendu « aux bons samaritains, chrétiens ou non », il est juste aussi de ne pas déconnecter « l’héritage chrétien » de sa vraie source « l’égalité des créatures devant Dieu » qui n’est que secondairement « transposée en égalité des citoyens ».

2021 – Joyeux Noël – Meilleurs vœux de belle année – 2022

Francisco de ZURBARÁN – 1638
Adoration des bergers
Musée des Beaux-Arts, Grenoble
(Oil on canvas, 267 x 185 cm)


… le temps de lire : https://youtu.be/fsIYc1mP3NQ

Un ami m’a adressé à l’occasion de Noël le lien d’une émission diffusée sur France Culture intitulée : « Du soleil invaincu au petit Jésus ». Elle a été diffusée le 24 décembre 2011 dans le contexte de l’émission de l’époque « On ne parle pas la bouche pleine » https://www.franceculture.fr/…/du-soleil-invaincu-au… Le journaliste interrogeait un historien médiéviste André Vauchez. L’émission se voulait un survol historique autour de la date du 25 décembre pour situer chronologiquement la fête chrétienne de Noël. Je ne vais pas faire ici ni le résumé de l’émission ni même en faire une analyse critique. L’ami qui m’envoyait le lien n’avait pas d’autre intention que de me faire remarquer que la date du 25 décembre est pour lui celle du « Sol invictus », autrement dit celle du « soleil invaincu », le solstice d’hiver. Quand j’écris « pour lui » je veux dire que pour lui la fête chrétienne de Noël est une « invention » qui ne repose sur aucune vérité historique. … Qui n’en conviendrait ? Quand Jésus est né il n’y avait pas de registre d’état civil où on inscrivait les naissances… Tout ceci n’est qu’anecdotique et, pour le dire un peu brutalement, sans grand intérêt. Parce que Noël que l’on voudrait voir disparaître comme référence pour ne pas heurter la conscience de tous ceux qui ne partagent pas les convictions chrétiennes, c’est tout autre chose qu’une date sur un calendrier.Et pour parler franchement si le 25 décembre n’est plus qu’un jour comme les autres, qu’il a perdu son sens, alors effectivement pourquoi garder ce mot « Noël ». Au fait c’est quoi, Noël ?

Je donne la parole à … Arthur Rimbaud ! Il ne parle pas de Noël mais de Jésus à Nazareth :

En ce temps-là, Jésus habitait Nazareth. L’enfant croissait en vertu comme il croissait en âge. Un matin, quand les toits du village se mirent à rosir, il sortit de son lit alors que tout était en proie au sommeil, pour que Joseph, en se levant, trouvât le travail terminé. Déjà penché sur l’ouvrage commencé, et le visage serein, poussant et retirant une grande scie, il coupait maintes planches de son bras d’enfant. Au loin apparaissait le soleil brillant, sur les hautes montagnes, et son rayon d’argent entrait par les humbles fenêtres… Voici que les bouviers mènent aux pâturages leurs troupeaux ; ils admirent à l’envi, en passant, le jeune ouvrier et les bruits du travail matinal. « Qui est cet enfant ? disent-ils. Son visage montre une beauté mêlée de gravité ; la force jaillit de son bras. « Ce jeune ouvrier travaille le cèdre avec art, comme un ouvrier consommé; et jadis Hiram ne travaillait pas avec plus d’ardeur quand en présence de Salomon, il coupait de ses mains habiles et robustes les grands cèdres et les poutres du temple. « Pourtant le corps de cet enfant se courbe plus souple qu’un frêle roseau; et sa hanche, droite, atteindrait son épaule. » Or sa mère, entendant grincer la lame de la scie, avait quitté son lit et, entrant doucement, en silence, elle aperçoit, inquiète, l’enfant peinant dur et manœuvrant de grandes planches… Les lèvres serrées, elle regardait; et, tandis qu’elle l’embrasse d’un regard tranquille, des paroles inarticulées tremblaient sur ses lèvres. Le rire brillait dans ses larmes… Mais tout à coup la scie se brise et blesse les doigts de l’enfant qui ne s’y attendait pas. Sa robe blanche est tachée d’un sang pourpre, un léger cri sort de sa bouche… Apercevant sa mère, il cache ses doigts rougis sous son vêtement; et, faisant semblant de sourire, il lui dit : « Bonjour, mère ! » Mais celle-ci, se jetant aux genoux de son fils, caressait, hélas! de ses doigts, les doigts de l’enfant et baisait ses tendres mains en gémissant fort et baignant son visage de grosses larmes. Mais l’enfant, sans s’émouvoir : « Pourquoi pleures-tu, mère qui ne sais pas ?… Parce que le bout de la scie tranchante a effleuré mon doigt ! Le temps n’est pas encore venu où il convienne que tu pleures. » Il reprit alors son ouvrage commencé ; et sa mère en silence et toute pâle, tourne son blanc visage à terre, réfléchissant beaucoup et, de nouveau, portant sur son fils ses yeux tristes : « Grand Dieu, que ta sainte volonté soit faite ! »

Arthur Rimbaud Traduction d’un poème en vers latins, composé par Rimbaud au Collège de Charleville, en 1870, à l’âge de 15 ans.

Et en miroir à ces mots d’Arthur Rimbaud ceux du cardinal africain, Robert Sarah : « Quand Dieu a décidé d’envoyer son Fils pour sauver le monde, la situation n’était pas brillante. C’est même pour cette raison qu’il a envoyé Jésus partager notre vie humaine, nos souffrances, nos espérances : il est venu humblement parce que Dieu est humble et qu’il nous aime. L’amour et l’humilité, c’est la même chose. La situation que nous vivons aujourd’hui ressemble à celle de Noël, quand le fils de Dieu est venu sur terre. Jésus est vraiment l’espérance du monde parce que seul et unique Sauveur. Il est la lumière du monde, le soleil vivant. Le soleil donne vie mais fait également croître l’humanité, les plantes. …/…Notre façon de l’accueillir, c’est d’ouvrir nos cœurs et ne pas le laisser dehors comme à Bethléem, où il n’y avait pas de place ni pour Marie, ni pour Joseph, ni pour lui. Nous ne devons pas imiter cette fermeture, mais nous ouvrir humblement… »

Et puisqu’il n’est pas question de parler du fils sans évoquer sa mère, ce poème bien connu de Paul Claudel récité par Madeleine Renaud en 1981 (une archive de l’INA du 24 décembre 1981) : Guy Béart pose cette question à Madeleine Renaud : « Madeleine, pour vous qui est Marie ? »… et elle répond (https://www.ina.fr/…/madeleine-renaud-dit-la-vierge-a…

La Vierge à midi

Il est midi. Je vois l’église ouverte. Il faut entrer.Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier. Je n’ai rien à offrir et rien à demander. Je viens seulement, Mère, pour vous regarder…/…

Pour terminer sur un rythme très joyeux venu des Andes péruviennes

https://youtu.be/n2GzuB-Ox0o

Allegro : Cachua a voz y bajo Al Nacimiento de Christo Nuestro Señor, [Tomo II, Estampa – E. 177] – Códice Trujillo del Perú o Martínez Compañón (S. XVIII). Intérpretes : Capilla de Indias – Directora : Tiziana Palmiero. Imágenes : Ciudad de Cajamarca – (Perú).

https://youtu.be/fsIYc1mP3NQ

Dos Cachuas del Códice de Martínez CompañónTrujillo, 17891. Niño il mijor2. Dennos licencia señoresEl Códice del Obispo Baltasar Jaime Martínez Compañón « Trujillo del Perú » reúne en el tomo II diecinueve piezas recogidas en los territorios del obispado de Trujillo en 1789. Esta colección se publicó en 1946 con el título de « Folklore Musical del siglo XVIII » conteniendo la reproducción facsimilar de los manuscritos y la transcripción de las letras realizados por Rodolfo Holzmann, César Arróspide de la Flor y Rubén Vargas Ugarte. Es un códice de trascendencia para la música peruana porque documenta nuestras tempranas expresiones populares.Coro Nacional de Niños del Perú Director: Oswaldo Kuan

Noël c’est comme toujours chaque année, une porte qui s’ouvre sur un nouveau calendrier.… Belle année 2022

Francisco de ZURBARÁN – 1639-1640
Adoration des Mages
Musée des Beaux-Arts, Grenoble
(Oil on canvas, 264 x 176 cm)


GIOTTO di Bondone
Scenes from the Life of Christ: 1. Nativity: Birth of Christ (détail)
Fresco – 1304-06
Cappella Scrovegni (Arena Chapel), Padua


Dans une étable obscure.mov
https://www.youtube.com/watch?v=050EpqQ4B-M&list=RD050EpqQ4B-M&index=1

2020 aura été une année vraiment surprenante qui nous a fait découvrir et sans doute approfondir les limites et les faiblesses du monde dans lequel nous vivons. Le temps n’est pas au pessimisme, aux lamentations stériles ni aux regrets de temps passés apparemment meilleurs. Il faut avancer.On parle de plus en plus de « résilience ».

En physique, elle définit la résistance au choc d’un matériau. En psychologie, c’est la capacité à résister à un traumatisme et à se reconstruire. J’ai rencontré récemment un maraîcher qui pratique la permaculture. Peu familiarisé avec cette forme d’agriculture, il m’a expliqué qu’elle s’inspire de la nature en développant des systèmes qui favorisent la synergie des cultures différentes et leur résilience, sans anéantir leur productivité respective. L’objectif est de favoriser leur coexistence pour permettre le développement d’un environnement harmonieux, résilient, productif et durable.

Et Noël ? Et 2021 dans tout ça ?Noël c’est le message que tout le monde connaît, même s’il est encore bien souvent gommé jusqu’à être effacé derrière le masque (!) de nos sociétés très matérialistes. Cette nativité peinte à fresque par Giotto est, quant à elle, emblématique de la pérennité de ce message.… Pensant à ce que je pourrais bien écrire pour souhaiter les traditionnels vœux de Noël et de nouvelle année sans tomber dans les banalités qu’on reproduit d’année en année, je me demandais : « Et si Noël… l’événement de la Nativité, se passait aujourd’hui, est-il un endroit dans le monde où Jésus serait mieux reçu qu’à Bethléem où il a dû naître dans la pauvreté ? »

J’ai lu un article récent intitulé « Comptes de Noël… ». C’est un jeu de mots car qui ne connaît les contes de Noël de Dickens, de Selma Lagerlöf, ou de tous les pays du monde qui brodent autour de l’événement de la Nativité.Ces « Comptes de Noël » ? Les premières lignes : « Combien de chrétiens fêteront Noël cette année ? Moins que l’année passée. Et de moins en moins chaque année. 260 millions de chrétiens subissent des persécutions dans le monde en Asie, en Afrique, en Orient et en Europe. » https://www.revuedesdeuxmondes.fr/comptes-de-noel-bilan…/

Alors je me posais la question : où naîtrait le Christ aujourd’hui ? Et j’ai trouvé cette réponse : « En ces fêtes de Noël, pensons aussi aux pauvres, aux déracinés, qui ressemblent tant à la Sainte Famille. Espérons que la situation sanitaire précaire aidera aussi certains, plus favorisés, à être plus attentifs au mystère de l’Incarnation et provoquera un renouveau de prière et de louange. Le Sauveur nous est annoncé comme le prince de la paix : « Lui-même sera la paix » (Michée 5, 4).Beaucoup de non-croyants peuvent nous rétorquer que cette paix est loin d’être établie sur la terre ; cela est bien vrai, car la triste réalité semble contredire les promesses divines, et il nous arrive même à nous de nous demander : pourquoi sommes-nous encore en butte à tant d’attaques des ennemis de Dieu ? Pourquoi sommes-nous submergés par toutes sortes de scandales qui ébranlent notre confiance ? Nous n’entendons parler que de conflits, d’attentats, de meurtres, sans oublier les avortements ou l’euthanasie. Où donc se trouve cette paix proclamée par les anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes » ? Le Seigneur Lui-même nous répond dans l’Évangile : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive » ; Il est signe de contradiction ; la paix ne s’obtient que dans l’engagement à vivre authentiquement le message de l’Évangile. Nous savons que, pour ceux qui aiment Dieu, toutes choses concourent à leur bien s’ils savent se délester de leurs soucis sur le Seigneur : « Décharge ton fardeau sur le Seigneur, dit le psalmiste : Il prendra soin de toi » (Ps. 55, 23).

Dom Philippe Dupont Abbé de Solesmes https://srp-presse.fr/…/decharge-ton-fardeau-sur-le…/

Si nous ne gardons, pas seulement du temps de Noël, mais de la vie de tous les jours, qu’une vision superficielle, nous ne comprendrons jamais ce message vieux de 2000 ans, toujours actuel. Avec la pauvreté du lieu où est né le Christ, celle des premiers qui sont venus l’adorer, des bergers qui étaient les marginaux de l’époque, les périphéries que le pape François nous invite avec insistance à rencontrer… mais qui n’empêche pas qu’ils ont été prévenus par des anges qui chantaient ce que nous chantons toujours à Noël « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ».

Récemment j’ai vu une petite vidéo sympathique. Une concurrente du Vendée Globe qui vient de passer le Cap Horn –https://youtu.be/5EhV_C6ffyk-. « Et non contente de remercier ses sponsors, dans une vidéo, la navigatrice de 31 ans a dédié ce grand moment à l’association Lazare, qu’elle soutient, qui propose des colocations solidaires entre de jeunes actifs et des personnes ayant connu la rue. « C’est une asso dans laquelle chacun des membres a l’habitude de croire à l’impossible et de relever des défis gigantesques, alors je trouve que leur dédier le cap Horn, c’est un beau symbole. Des cap Horn, ils en passent tous les jours. Un peu différents, mais des cap Horn quand même ».Un joli message… qui peut nous aider à aborder le cap Horn 2021 malgré tout avec optimisme.

Mais dans le contexte de Noël l’optimisme a un autre nom : l’espérance.


6 août 1945 Hiroshima – 9 août 1945 Nagasaki – La nuit la plus longue.

Le 8 août 1945, Albert Camus signe l’Éditorial de Combat

Editorial de Combat du 8 août 1945

« Le monde est ce qu’il est, c’est-à-dire peu de chose. C’est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d’information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique.On nous apprend, en effet, au milieu d’une foule de commentaires enthousiastes que n’importe quelle ville d’importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d’un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l’avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.En attendant, il est permis de penser qu’il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte, qui se met d’abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles. Que dans un monde livré à tous les déchirements de la violence, incapable d’aucun contrôle, indifférent à la justice et au simple bonheur des hommes, la science se consacre au meurtre organisé, personne sans doute, à moins d’idéalisme impénitent, ne songera à s’en étonner.Les découvertes doivent être enregistrées, commentées selon ce qu’elles sont, annoncées au monde pour que l’homme ait une juste idée de son destin. Mais entourer ces terribles révélations d’une littérature pittoresque ou humoristique, c’est ce qui n’est pas supportable.Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde torturé. Voici qu’une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d’être définitive. On offre sans doute à l’humanité sa dernière chance. Et ce peut-être après tout le prétexte d’une édition spéciale. Mais ce devrait être plus sûrement le sujet de quelques réflexions et de beaucoup de silence.Au reste, il est d’autres raisons d’accueillir avec réserve le roman d’anticipation que les journaux nous proposent. Quand on voit le rédacteur diplomatique de l’Agence Reuter annoncer que cette invention rend caducs les traités ou périmées les décisions mêmes de Potsdam, remarquer qu’il est indifférent que les Russes soient à Koenigsberg ou la Turquie aux Dardanelles, on ne peut se défendre de supposer à ce beau concert des intentions assez étrangères au désintéressement scientifique.Qu’on nous entende bien. Si les Japonais capitulent après la destruction d’Hiroshima et par l’effet de l’intimidation, nous nous en réjouirons. Mais nous nous refusons à tirer d’une aussi grave nouvelle autre chose que la décision de plaider plus énergiquement encore en faveur d’une véritable société internationale, où les grandes puissances n’auront pas de droits supérieurs aux petites et aux moyennes nations, où la guerre, fléau devenu définitif par le seul effet de l’intelligence humaine, ne dépendra plus des appétits ou des doctrines de tel ou tel État.Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d’être mené. Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison. »

Edith Stein

9 août 1942 Auschwitz Édith Stein– Thérèse Bénédicte de la Croix meurt dans les chambres à gaz du camp d’Auschwitz

« Devant le péril grandissant, Édith Stein quitte l’Allemagne avec sa sœur, qui a embrassé comme elle la foi chrétienne, pour trouver refuge dans le carmel d’Echt, aux Pays-Bas. En représailles à une dénonciation vigoureuse des exactions nazies par les évêques hollandais, les autorités procèdent à la déportation de tous les chrétiens d’origine juive. Edith et sa sœur sont raflées, comme les autres. « Allons, pour notre peuple », dit-elle avant d’être emmenée à Auschwitz ; elle mourra dans les chambres à gaz du camp, le 9 août 1942. » Jusqu’au bout, Édith Stein, Theresia Bénédicte a Cruce (†), s’est occupée jusqu’au bout des personnes qui l’accompagnaient vers la mort, principalement des enfants, avec compassion et humanité.

Teresia Benedicta a Cruce

(†) Le nom qu’Édith Stein a choisi pour son engagement de religieuse carmélite se traduit en latin Teresia Benedicta a Cruce. Le latin exprime mieux le sens du nom : Teresia, en référence à sainte Thérèse d’Avila, réformatrice de l’Ordre du Carmel, et benedicta a Cruce, bénie par la Croix, pour mieux traduire son aspiration profonde : Édith a choisi la Croix du Christ dans sa vie de carmélite et son martyre en est, comme le dit le mot lui-même le témoignage.

Edith Stein, Une Sainte controversée – Edith Stein, a controversial saint – YAEL HISCH https://journals.openedition.org/cm/1591#ftn52

Extraits

« Je n’ai pas attendu la béatification pour qu’Édith Stein devienne une lumière dans ma vie […] Quand je dis qu’Édith Stein est une Sainte, je ne l’entends pas au sens où elle nous édifierait. Je laisse volontiers cela aux livres pieux de mon enfance. Je n’ai pas non plus perçu en elle le moindre désir d’endoctrinement ni le moindre relent de moralisme. Non ; maischaque fois que je la regarde, je me sens attiré vers le haut et comme grandi. Elle a d’une certaine façon ennobli l’humanité dont elle est comme une fleur. Une fleur d’Israël. » MOLTER, Bernard, Regards sur Édith Stein, Metz – Éditions Église de Metz, 1992

« L’exemple des saints [leur] montre en effet ce qui devrait être en réalité : là où la foi est vivante, la doctrine et les merveilles de Dieu constituent le fond de la vie. Tout le reste passe au second plan et doit en être pénétré. C’est cela le réalisme des saints. » Édith Stein, La Science de la Croix, Passion d’amour de Saint-Jean de la croix, Louvain – Nauwalaerts, 1957

« Consciente de ses origines juives, Édith Stein ne les a jamais reniées. Si elle aquitté le cocon orthodoxe de sa famille pour aller vers la philosophie à l’adolescence,Édith Stein est toujours restée très proche des siens. Comme nombre d’autres convertisdu judaïsme à l’époque, Édith Stein ne voit pas sa conversion comme une abolition deses origines mais comme leur accomplissement. »

Conclusion du même article : « En l’absence de croyance en un Dieu s’étant fait chair, le judaïsme ne peut pas admettre le pouvoir rédempteur d’une « martyre » à Auschwitz. Alors que la sainteté juive est très différente de la sainteté catholique, pour de nombreux juifs, canoniser une des victimes des camps d’exterminations nazis et la distinguer des autres victimes du nazisme, semble une manière pour l’Église de christianiser la Shoah et de nier sa spécificité juive. Même si la canonisation d’Édith Stein témoigne de la volonté de l’Église d’honorer une « fille d’Israël » et de l’ériger en modèle, l’universalisme de l’amour chrétien est inacceptable pour la tradition juive. Étant donné ses enjeux théologiques, la canonisation d’Édith est donc une controverse, au sens le plus noble et le plus ancien du terme, et qui éclaire les limites du dialogue entre Chrétiens et Juifs. »

« Ni synagogue, ni église, ni temple, ni couvent, seul le silence » Alliance Israélite Universelle « Nous devons le comprendre… » Jean Paul II au terme de ce qui fut l’affaire du Carmel d’Auschwitz (Oświęcim).

Sources : https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2019-08/edith-stein-morte-avec-et-pour-son-peuple.html

https://www.carmel.asso.fr/-Edith-Stein-.html

http://agora.qc.ca/Dossiers/edith_stein

9 août 1943 Prison de Tegel, Berlin – Franz Jägerstätter est décapité

Franz Jägerstätter

Franz Jägerstätter naît en 1907 en Haute-Autriche, à 150 km de Linz, la capitale provinciale, et à 45 km de Salzbourg, à St. Radegund, un village de 500 âmes, à peu de distance de la frontière allemande. A 20 kilomètres de là, côté bavarois, un certain Joseph Ratzinger verra le jour, vingt ans plus tard, dans une famille antinazie. Franz est le fils naturel d’une fille de ferme trop pauvre pour se marier. Elevé par sa grand-mère, l’enfant s’installe chez sa mère à dix ans, quand elle épouse Heinrich Jägerstätter, un paysan qui l’adopte et avec qui il travaille désormais à la ferme. A vingt ans, Franz quitte les siens et va s’employer dans une ville minière, en Styrie, à l’est de l’Autriche. Quand il revient, en 1930, il s’est acheté une moto qui fait sensation car personne n’en possède dans le pays.

Franz Jägerstätter auf einem Motorrad 1921. © Franz Josef Rupprecht; A-7123 Mšnchhof; Bank: Raiffeisenbank Mšnchhof (BLZ 33054), Kto.-Nr.: 17.608

A la mort de son père adoptif, c’est lui qui reprend l’exploitation familiale.A la ville, Franz s’était quelque peu éloigné de la pratique religieuse. Il y revient, sous l’influence de celle qui va devenir sa femme. Franziska, dite Fani, avec qui il se marie en 1936 – il a 29 ans, elle en a 23. Issue d’une famille très pieuse, la jeune femme avait même envisagé d’entrer dans les ordres. Pour leur voyage de noces, les mariés se rendent à Rome, où ils assistent à une audience de Pie XI, puis à Naples, destinations peu banales pour des paysans autrichiens de l’époque. Franz est amoureux, si amoureux que les villageois en rient, et ce mariage heureux est récompensé par la naissance de trois petites filles, Rosalia en 1937, Maria en 1938 et Aloisia en 1940.En janvier 1938, Jägerstätter a fait un rêve : un train magnifique surgit au détour d’une montagne et attire notamment les enfants par le spectacle qu’il représente. Cependant ce train se dirige droit vers l’enfer, conduisant ceux qui sont montés dedans à leur perte. Ce train, comme Franz l’expliquera à ses proches, c’est le régime nazi. Au plébiscite du 10 avril 1938, le paysan, seul de son village, a voté non au rattachement de l’Autriche à l’Allemagne, contre l’avis de ses voisins. Il n’y a pas de nazis à St. Radegund, mais les habitants ont peur, à telle enseigne que le vote négatif de Franz n’est pas inscrit sur les registres, par crainte des représailles. Mobilisé en juin 1940, Jägerstätter est libéré peu de jours après, car le Reich a besoin de paysans pour la moisson. Rappelé en octobre 1940, il effectue ses classes dans les forces motorisées de la Wehrmacht, où il reste jusqu’en avril 1941, moment où il est de nouveau autorisé à rejoindre sa ferme. En raison d’un sermon jugé subversif, le curé de St. Radegund a été arrêté par la Gestapo, ce qui a été le cas de huit prêtres sur dix dans le doyenné. Peu à peu la décision s’impose à Jägerstätter : il ne servira pas ce régime qui persécute l’Eglise, qui assassine des innocents et qui, à partir de 1941, mène à l’Est une guerre injuste dans laquelle la lutte contre le bolchevisme n’est qu’un prétexte pour dominer le peuple russe. S’il est de nouveau convoqué, décide-t-il, il refusera d’être incorporé. Franz a arrêté les études après l’école primaire, mais il lit beaucoup. De façon extraordinaire, ce paysan qui n’appartient à aucun réseau a parfaitement analysé, seul, les principes du nazisme, et c’est en vertu de sa foi chrétienne qu’il les refuse et qu’il entre en résistance. …/… Au prix d’un dur combat intérieur, sa femme finit par accepter son choix, dont elle mesure les conséquences. La mère et les amis de Franz, eux, tentent de le faire changer d’avis, tout comme le nouveau curé, car ils savent qu’il risque sa vie, tout comme il met Franziska et les enfants en danger. Jägerstätter consulte l’évêque de Linz, toutefois celui-ci se montre prudent, craignant peut-être qu’il soit un espion. En prison, Franz a le droit d’écrire une fois par mois à sa femme. Cette correspondance, qui a été conservée, est partiellement publiée en français à l’occasion de la sortie d’Une vie cachée. August Diehl, l’acteur qui joue Jägerstätter, explique qu’il a considéré les lettres entre Franz et sa femme comme un deuxième scénario, parallèle à celui de Malick. C’est la grande force du film de montrer la véritable motivation de Franz Jägerstätter : celui-ci n’est pas un objecteur de conscience au sens pacifiste du terme, c’est un catholique pour qui Hitler est l’antéchrist. Dès avant son arrestation, on le voit prier, jeûner, lire les Ecritures, réciter son chapelet, mûrir une résolution qu’il approfondit chaque matin au pied de l’autel, puisque, sacristain, il assiste tous les jours à la messe. En détention, jusqu’à la fin, c’est la prière qui le portera.Début mai 1943, Jägerstätter est conduit à la prison de Tegel, dans la banlieue de Berlin. Là, les conditions d’incarcération se durcissent : il est battu et torturé. Le 6 juillet, au terme d’un procès expéditif, il est condamné à mort. Dans l’ultime espoir de le faire changer d’avis, l’avocat qui a été commis d’office fait venir Franziska et le curé de St. Radegund. L’entrevue dure 20 minutes, mais Franz est inflexible : il ne servira pas Hitler. Le 14 juillet, la peine capitale est confirmée par le tribunal de guerre du Reich. L’aumônier qui visite Jägerstätter voit dans sa cellule le papier qui aurait permis à celui-ci de rejoindre l’armée, lui sauvant la vie : jusqu’au bout, il refusera de le signer. Le 9 août 1943, après avoir pardonné à ses bourreaux et écrit à sa femme une dernière lettre témoignant de son ascension spirituelle, Franz Jägerstätter est décapité. Il avait 36 ans. in https://www.jeansevillia.com/2019/12/09/franz-jagerstatter-lautrichien-qui-a-dit-non-a-hitler/

A propos du film Une vie cachée Terrence Malick laisse le spectateur à ses pensées, concluant par cet épilogue, tiré du livre Middlemarch de George Eliot : « Car le bien croissant du monde dépend en partie d’actes non historiques ; et si les choses ne vont pas pour vous et moi aussi mal qu’elles auraient pu aller, nous sommes redevables en partie à ceux qui ont vécu fidèlement une vie cachée et qui reposent dans des tombes délaissées. » https://www.historia.fr/guide-culture-cin%C3%A9ma/franz-j%C3%A4gerst%C3%A4tter-celui-qui-est-rest%C3%A9-debout

Zbigniew Strzałkowski & Michał Tomaszek

9 août 1991, Michał Tomaszek accompagné du Père Zbigniew Strzałkowski, est enlevé et assassiné d’un coup de fusil dans le cou par des membres du groupe Sentier lumineux

http://www.pastoralcentre.pl/franciscan-martyrs-michal-tomaszek-zbigniew-strzalkowski/https://www.cairn.info/revue-securite-globale-2018-4-page-93.htm

Le sentier lumineux : https://www.monde-diplomatique.fr/1989/06/RAMONET/41798

https://books.openedition.org/iheal/8256

6 août – Fête de la Transfiguration

Raffaello Sanzio, (Urbino 1483 – Rome 1520) Transfiguration, 1516- 1520 Peinture grasse à tempera sur bois, cm 410 x 279

Le Cardinal Jules de Médicis commanda deux peintures destinées à la cathédrale Saint-Juste de Narbonne. Le cardinal de Médicis (futur pape Clément VII) était en effet devenu évêque de Narbonne en 1515. La Transfiguration fut confiée à Raphaël et la Résurrection de Lazare (aujourd’hui à la National Gallery de Londres) à Sebastiano del Piombo. La Transfiguration ne fut jamais envoyée en France parce que le cardinal la conserva à la mort de Raphaël (1520) puis il en fit don à l’église Saint-Pierre in Montorio où l’œuvre fut placée sur le maître autel. En 1797, à la suite du Traité de Tolentino, cette œuvre, comme tant d’autres, fut emportée à Paris puis restituée en 1816 à la chute de Napoléon. C’est alors qu’elle entra dans la Pinacothèque de Pie VII (pontificat de 1800 à 1823). Le retable représente deux épisodes racontés l’un après l’autre dans l’Evangile selon saint Matthieu : La Transfiguration en haut, avec le Christ en gloire entre les prophètes Moïse et Elie ; en bas au premier plan, la rencontre des Apôtres avec l’enfant possédé que Jésus guérira à son retour du Mont Thabor. Il s’agit de la dernière œuvre de Raphaël, son testament spirituel. Giorgio Vasari, célèbre artiste et biographe du XVIe siècle, l’a décrite comme « la plus célébrée, la plus belle et la plus divine. »
in http://www.museivaticani.va/content/museivaticani/fr/collezioni/musei/la-pinacoteca/sala-viii—secolo-xvi/raffaello-sanzio–trasfigurazione.html

6 août 1945 – Hiroshima

The atomic bomb named « Little Boy » was dropped on Hiroshima by the Enola Gay, a Boeing B-29 bomber, at 8:15 in the morning of August 6, 1945. This watch stopped at the precise time of the explosion. Hiroshima peace memorial museum. (Photo by JAZZ EDITIONS/Gamma-Rapho via Getty Images)
Takashi Nagai et le champignon atomique de Nagasaki

Nagasaki «Le 9 août 1945, à dix heures et demie du matin, le suprême conseil de guerre se réunit au Quartier Général Impérial pour savoir s’il fallait capituler ou non. Ce fut donc au moment même de cette décision pour la paix ou pour la continuation de la guerre qu’explosa la bombe atomique, à 11 heures 2 minutes, sur notre quartier d’Urakami. En un instant, 8000 chrétiens furent rappelés à Dieu, et notre cathédrale disparut dans les flammes. Le 15 août, l’Édit impérial mit fin aux combats, et une première lueur de paix recommença à briller sur le monde. Or ce jour-là, l’Église fêtait l’Assomption de la Vierge Marie, à laquelle était dédiée notre Cathédrale. Cette coïncidence n’était-elle pas due à l’œuvre délicate de la volonté de Dieu? Nous avons entendu dire que cette seconde bombe atomique, après Hiroshima, était destinée à une autre ville. Des nuages épais rendirent cette cible impossible, si bien que l’équipage américain changea de plan au dernier moment, et se dirigea vers sa cible secondaire : Nagasaki. L’objectif devait être le nord des fabriques de munitions, mais le vent fit dériver la bombe au-dessus de la Cathédrale. Ainsi nous savons que la Cathédrale n’a pas été visée par les pilotes américains. Mais c’est la Providence de Dieu qui choisit Urakami. N’y aurait-il pas un rapport mystérieux entre la cessation de la guerre et la destruction d’Urakami? Urakami ne serait-elle pas la victime choisie, l’holocauste offert sur l’autel du sacrifice en expiation pour tous les péchés de cette deuxième guerre mondiale? Pour notre humanité, héritière du péché d’Adam et du sang de Caïn, pour notre humanité qui s’est tournée vers les idoles en oubliant sa filiation divine, pour que finissent toutes ces horreurs, ces haines et que fleurissent à nouveau les bénédictions de paix, il ne suffisait pas du repentir, il fallait un sacrifice extraordinaire afin d’obtenir le pardon de Dieu. Bien que des villes entières aient été déjà rasées, cela ne suffisait pas. Mais quand Urakami fut détruit, Dieu agréa ce sacrifice, pardonna aux hommes et inspira à l’Empereur de mettre fin à la guerre. Notre Église d’Urakami a gardé sa foi intacte pendant 400 ans dans un Japon qui la proscrivait. Elle a enduré de nombreuses et longues persécutions. Et pendant toute cette guerre elle n’a cessé de prier pour que revienne la paix. Cette Église n’était-elle pas digne d’être choisie comme holocauste pour que des dizaines de millions d’hommes ne périssent plus victimes des ravages de la guerre? Ce 9 août, en voyant les flammes détruire la Cathédrale, nous savions que dans ce sublime holocauste montaient déjà les premières lueurs d’espoir d’un nouveau monde de paix. Huit mille catholiques, dont les prêtres de la cathédrale, ont été sacrifiés. Tous généreux et fidèles dans leur foi. Combien sont-ils heureux d’avoir quitté la vie, l’âme pure, sans connaître la défaite! Nous qui restons sur cette terre, notre sort est dur. Le pays est vaincu et notre ville détruite. Un désert de cendres et de décombres s’étend à perte de vue. Nous n’avons ni maison, ni vêtements, ni nourriture. Nos champs sont dévastés, et nous, les survivants, ne sommes plus qu’une poignée. Pourquoi ne sommes-nous pas morts ce jour-là? Pourquoi devons-nous continuer une existence de souffrance? Maintenant nous voyons l’énormité de nos fautes et nous comprenons que si nous restons aujourd’hui en vie, c’est que nous avons encore un long chemin à parcourir pour devenir à notre tour une offrande digne. Les réparations imposées par la déclaration de Potsdam sont un fardeau lourd de douleur et de souffrance. Pourtant cette charge débouche sur l’espoir de voir sous peu un monde nouveau et purifié. Bienheureux ceux qui pleurent car ils seront consolés. C’est fidèlement et jusqu’au bout que nous monterons ce chemin semé de douleurs. En le suivant, affamés, assoiffés, méprisés, fouettés, nous savons que nous sommes aidés par Celui qui jusqu’au sommet du Calvaire a porté sa Croix : Jésus-Christ. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris, que soit béni le nom du Seigneur. Soyons reconnaissants que Nagasaki ait été choisie pour ce sacrifice par lequel paix et liberté ont été rendues au monde. Que les âmes de tous nos défunts reposent en paix dans l’amour de Dieu. » — Paroles de Takashi Nagai lors de la messe de funérailles du 23 novembre 1945 in Une lumière dans Nagasaki, anthologie de textes de Takashi Nagai, Nouvelle Cité – http://www.dissident-media.org/infonucleaire/Nagasaki_nagai.html

Une lumière dans Nagasaki – Takashi Nagai – Extraits

Dans les cendres j’ai découvert au coin nord-est du terrain ce crucifix qui appartenait à l’autel familial. Évidemment la croix de bois avait disparu, anéantie par le feu, mais le Christ de bronze demeurait intact, sans une seule déformation. Relique précieuse du temps où le régime Tokugawa persécutait le christianisme. Tout m’a été enlevé. Ce Christ seul, je l’ai retrouvé.


Notre Église d’Urakami a gardé sa foi intacte pendant 400 ans dans un Japon qui la proscrivait. Elle a enduré de nombreuses et longues persécutions. Et pendant toute cette guerre elle n’a cessé de prier pour que revienne la paix. Cette Église n’était-elle pas digne d’être choisie comme holocauste pour que des dizaines de millions d’hommes ne périssent plus victimes des ravages de la guerre ?


Les hommes délibèrent et discutent maintes et maintes fois sur la paix du monde. Mais en vérité, on ne peut pas devenir artisan de paix en participant seulement à des réunions et faire des discours compliqués. Le rayonnement de la paix se trouve dans la force de l’amour vécu tout simplement.


A moins d’avoir souffert et pleuré, on ne comprend pas vraiment ce qu’est la compassion, on ne sait pas réconforter ceux qui souffrent. Si on n’a pas pleuré, on ne sait pas sécher les yeux des autres. Celui qui n’a jamais marché dans l’obscurité ne peut pas aider celui qui marche à tâtons pour trouver son chemin.


Celui qui n’est pas satisfait de sa vie, va chercher au loin le bonheur, mais bien souvent il revient en pleurant.

Mon bonheur, je le trouve ici même dans le travail que je fais, dans tout ce qui m’environne. Mon bonheur est simple. Je regarde la rose qui fleurit dans mon jardin. Elle est belle. Je lui ai donné de l’engrais, je lui ai enlevé les insectes nuisibles, je l’ai arrosée, je l’ai aidée à grandir, mais c’est Dieu qui l’a fait fleurir. Par ses propres forces l’homme ne peut pas faire éclore une fleur, c’est pourquoi il trouve que son bonheur est imparfait. Mais celui qui accepte ses limites en collaborant à la puissance du Dieu Créateur, entre dans la perfection de l’acte créateur. Il ne va pas chercher un bonheur lointain parce qu’il est là tout près de lui, chaque jour à la porte de sa vie.

Pour connaître Takashi Nagai :

Le sourire des cloches de Nagasaki, Makoto Nagai, Nouvelle Cité, 2004, (ISBN 2-85313-464-4).

Une lumière dans Nagasaki, anthologie de textes de Takashi Nagai, Nouvelle Cité, 2006, (ISBN 2-85313-502-0).

Prier 15 jours avec le docteur Nagai, Marie-Renée Noir, Nouvelle Cité, 2008, (ISBN 978-2-85313-540-5).

Requiem pour Nagasaki, Paul Glynn, Nouvelle Cité, 1994, (ISBN 2-85313-267-6).

Lyon – 2020 Année Saint Irénée – Deuxième évêque de Lyon

Anne Soupa, théologienne et candidate aux fonctions d’évêque de Lyon – Posté le 25 mai 2020 sur son compte twitter.

Madame A. Soupa est candidate aux fonctions d’évêque de Lyon au titre de théologienne. Et elle ajoute qu’elle ne le fait pas « de son propre chef, mais parce que certains de ses proches l’y ont conduit »

Lettre ouverte à madame Anne Soupa
… Non madame, 2020 ne sera pas l’Année Anne Soupa !

Des propos maladroits
A propos de Helmina von Chézy, auteur du livret de l’opéra Euryanthe mis en musique par Carl Maria von Weber, créé en 1823. Gustav Malher qui le produisit en 1903, alors directeur de l’opéra de Vienne, la qualifiait de « poétesse au grand cœur et à la tête vide ». …
2009 : « Le plus difficile, c’est d’avoir des femmes qui soient formées. Le tout n’est pas d’avoir une jupe, c’est d’avoir quelque chose dans la tête. » Le Cardinal André Vingt-Trois a dû s’excuser publiquement pour ses propos jugés machistes à l’endroit d’une femme, fondatrice du « comité de la jupe ».
Je ne sais pas si on aurait pu exiger de Gustav Mahler des excuses publiques et sans doute le propos n’était-il pas très courtois. Mais si l’on poursuit dans cette logique de l’affrontement du masculin contre le féminin il est évident qu’on n’en sortira jamais.
Et si l’on voulait bien sortir de part et d’autre de cette « fausse logique de l’affrontement » qui dégénère très vite en affront, pour introduire un peu plus de raison.
Je ne comprendrai jamais ces personnes qui vivent constamment dans l’aspiration à être plutôt qu’à s’épanouir dans l’être. In fine depuis qu’un certain féminisme s’est installé en tête de gondole des rayons médiatiques, je ne suis pas convaincu que la femme ait gagné en crédibilité, en affirmation et en authenticité de ce qu’elle est. Certaines prises de position féministes, malheureusement trop souvent justifiées par la grossièreté et la vulgarité de certains exemplaires du genre masculin, n’ont pas contribué à donner à la femme sa vraie place car les « féministes radicales » se présentent elles-mêmes comme des antithèses de l’homme. Je ne demande pas à la femme de prendre ma place mais de prendre sa place, par sa compétence, par ses qualités, par ses vertus, … toutes caractéristiques qui la rendent indispensable non pas seulement comme complémentaire de l’autre sexe mais comme la quintessence de ce qu’elle est.
Je reviens à Gustav Mahler. Le personnage est intéressant non seulement parce qu’il est un grand compositeur mais parce qu’il était le mari d’Alma. Sans doute n’est-il pas le meilleur exemple d’une personnalité reconnue, qui a imposé à sa femme un retrait de sa vie d’artiste peintre et de compositrice. La conséquence en fut que le couple Mahler n’était pas un modèle d’harmonie. Mais Alma n’a pas pour autant éteint ses aspirations artistiques. A la fin de sa vie, Mahler, sur les conseils de S. Freud, retrouve « sa capacité d’amour » auprès d’Alma (cf. Lettres à Alma). Et Alma est aussi connue, avec ou sans Mahler, comme compositeur.

Retour au réel
Si ce climat de conflit persiste on n’en sortira jamais de cet impossible combat entre l’homme et la femme dans lequel on voudrait un vainqueur et un vaincu. Parce que cette vision des choses est absurde. Si l’histoire s’est écrite à quatre mains jusqu’à aujourd’hui il faut bien avouer qu’il aura fallu attendre le XX° siècle pour que la brouille l’ait rendue illisible parce que l’un des protagonistes a voulu reprendre sa liberté pour écrire sa propre histoire en effaçant l’autre.

Aujourd’hui, madame A. Soupa est candidate aux fonctions d’évêque de Lyon au titre de théologienne. Et elle ajoute qu’elle ne le fait pas « de son propre chef, mais parce que certains de ses proches l’y ont conduit ».

D’abord une remarque : comme le dit à plusieurs reprises ce même texte d’acte de candidature, c’est une première à tous les sens du terme puisque l’évêque ne porte pas sa candidature, pas plus d’ailleurs qu’on ne se porte candidat à aucune fonction dans l’Église. La fonction, indépendamment des dispositions canoniques, s’inscrit dans la logique d’un appel auquel la personne reste toujours libre de répondre, le diacre, le prêtre, l’évêque.
Exclure, comme le dit la candidate, la moitié de l’humanité est erroné : c’est 100% car personne n’est candidat. Celui qui ressent un appel ne se porte pas candidat mais répond à une vocation qui lui est donnée par Dieu lui-même. Madame Soupa a-t-elle entendu un appel, des voix… sinon celles des 15986 (à la date du 25/06/2020 14:48) signataires d’une pétition lancée pour soutenir sa candidature.

Un candidature : elle veut être « serviteur de la Parole ».
Tout baptisé est serviteur de la Parole avec ou sans fonction, avec ou sans titre. Il est inscrit dans l’acte même d’un sacrement, -le baptême confirmé plus tard par un autre sacrement, qui confèrent tous deux un caractère-, que celui ou celle qui les ont reçus est non seulement habilité mais hautement responsable de transmettre la Parole, par son exemple, par sa parole qui est un relai de la Parole dont il se fait l’instrument. C’est la pratique depuis le jour où les apôtres ont entendu le mandat : « Allez, enseignez toutes les nations, baptisez, faites des disciples ».
Vous vous portez candidate pour « occuper une charge de gouvernement ». Et vous appuyez votre candidature au titre de théologienne. Vous savez que celui qui est appelé au sacerdoce reçoit par son ordination non pas des « fonctions » mais des charges, en latin des « munera » : de diriger, d’enseigner et de sanctifier. L’évêque les reçoit en plénitude. Ces trois charges ne sont pas « au choix ». Et, si vous me permettez d’ajouter, des trois munera non négociables je mettrais en premier celui de sanctifier, « munus sanctificandi » qui est à la fois actif et passif : la nécessité de se sanctifier soi-même et de sanctifier les baptisés par l’administration des sacrements. Quant au « munus docendi », d’enseigner, vous qui êtes théologienne vous sentez-vous sûrement apte à transmettre ce que vous permettent vos compétences. Et enfin le « munus regendi », auquel vous aspirez et qui fait l’objet principal de votre acte de candidature, je le mets non en dernière position mais comme le résultat de l’exercice assidu des deux autres.

Avec humour … peut-être, vous définissez ainsi l’évêque : « un homme célibataire, âgé et tout de noir vêtu ».
La formule prêterait à sourire si elle n’était pas une caricature qui fait sombrer votre « candidature » dans le ridicule.
Vous en appelez au Pape François, qui a, d’après vous, demandé « aux théologiens de mieux distinguer prêtrise et gouvernance ». Distinction n’est pas séparation de fait ni de droit. N’entrons pas dans le débat piégé, que la multiplication des abus a exacerbé, des causes de ces abus. A l’appui de votre candidature vous présentez les quatre derniers évêques de Lyon comme des incapables qui ont « laissé les loups entrer dans la bergerie… ». Et vous prétendez redonner vous-même « une légitimité au corps épiscopal », restituer « aux laïcs et aux prêtres une parole vraie, libérée ». N’en faites-vous pas un peu trop ? On croit entendre la profession de foi et les engagements d’un candidat à des élections politiques. Et puis, il semblerait que vous considériez l’Église comme une démocratie. Alors vous accepterez sans doute que votre candidature soit ouverte à la concurrence.

Croyez-vous que la femme, dont vous vous érigez en icône … ou peut-être plutôt en pythie, en sortira grandie. Vous croyez vraiment que revêtue d’une fonction de gouvernement, sans autre charisme que votre titre de théologienne et de présidente du « comité de la jupe », vous rendrez à la femme une dignité que d’après vous elle aurait perdue, « assignée et bridée dans ses désirs de responsabilités » ?

Je commence à douter sérieusement de vos compétences de « théologienne » quand je lis que vous réinterprétez la volonté de Jésus-Christ de choisir « des hommes qui n’étaient pas prêtres ». Je ne vous ferai pas l’affront de vous rappeler que le sacrement de l’ordre a été institué par Jésus en même temps qu’il instituait l’Eucharistie. Quant au célibat il est inutile de revenir sur une question qui a été longuement explicitée depuis que l’on a voulu le considérer comme la cause principale des abus qui ont défiguré le visage de l’Église.
L’évêque, dites-vous est un « surveillant » qui garantit la « cohésion et la rectitude doctrinale d’un ensemble de communautés ». Peut-être m’expliquerez-vous pourquoi vous atomisez l’Église en communautés indépendantes les unes des autres avec à leur tête un évêque qui semblerait seul garant de la doctrine pour cette seule communauté ? Et que devient l’unité de l’Église dans tout ça ?

Et pour terminer : « Pourquoi candidater à Lyon ? » Vous voyez comme motif principal la « faillite dans leur tâche première de protéger leur communauté » que vous attribuez aux quatre derniers évêques. Pour être clair la faillite, selon vous, n’a qu’un seul motif : les abus avérés d’un prêtre qui ont nourri pendant des mois un climat délétère à Lyon, en France, dans le monde !
La justice a parlé. Le cardinal Philippe Barbarin a pris la décision, acceptée par le pape François, de démissionner de sa charge. Le siège est vacant.
… Libre pour votre candidature ?

Madame Soupa, ce diocèse n’est pas un diocèse quelconque. Il est celui qui a comme fondateurs saint Pothin, saint Irénée -dans la lignée de l’apôtre saint Jean, de saint Polycarpe-, les martyrs de Lyon, dont une jeune femme, Blandine …

Que saint Irénée nous apprend-il aujourd’hui ?
« Il est éblouissant pour son amour de Jésus et sa connaissance des saintes Écritures. Ce qu’il dit peut nous éclairer dans les débats actuels pour changer l’Église et ses structures, souvent si décevantes.
Qui va renouveler l’Église ? Ce n’est pas nous et nos réflexions (…). Mais c’est vraiment Lui qui sera la source du renouveau de l’Église. Est-ce que le Christ a sa place de Seigneur dans nos cœurs, dans nos communautés ? Ce n’est pas sûr… » Ainsi s’exprime celui qui est le dernier successeur en titre de saint Irénée, le cardinal Philippe Barbarin.

Je laisse la conclusion à saint Irénée qui s’adresse directement à vous, qui vous portez candidate à sa succession :
« Ainsi en va-t-il du service envers Dieu ; à Dieu, il n’apporte rien, car Dieu n’a pas besoin du service des hommes ; mais à ceux qui le servent et qui le suivent, Dieu procure la vie, l’incorruptibilité et la gloire éternelle. Car, de même que Dieu n’a besoin de rien, de même l’homme a besoin de la communion de Dieu. Car la gloire de l’homme, c’est de persévérer dans le service de Dieu. C’est pourquoi le Seigneur disait à ses disciple : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis » (Jn 15, 16b), indiquant par là que ce n’étaient pas eux qui le glorifiaient en le suivant, mais que, du fait qu’ils suivaient le Fils de Dieu, ils étaient glorifiés par lui. »
— Contre les hérésies (Adversus haereses), IV, 14, I.